Résumés semaine par semaine de mon école de recrues
 
 

Ces résumés, je les écrivais le week-end en rentrant de l'armée et je les envoyais par e-mail à des copains. Puis je les ai rassemblés et j'ai refait la mise en page et un peu corrigé l'orthographe. Comme ils n'ont pas tous été écrits en même temps, ma vision des choses a quelque peu changé, ce qui est intéressant. Au début, je pensais que l'armée c'était bête, et à la fin, je me disais que c'est vraiment très très bête!
Je vous laisse donc lire ces résumés, qui sont ma foi assez longs car ils entrent dans les détails (parfois inutiles), mais par contre ça donne une bonne idée de l'armée suisse, même si c'est pas partout pareil et si c'est raconté objectivement.

Bonne lecture!
 
 

Aller à la semaine numéro :  1  2  3  4  5  6  7  8  9  10  11  12  13  14  15  Conclusion


Première semaine:

Titre: Première semaine sous les drapeaux
 

Voilà, c'est maintenant à mon tour de passer à la moulinette de l'armée. Je suis à Kloten, qui est une école de transmissions, jusqu'au 23 octobre. Je suis 'pionnier ondes dirigées'. Le lundi, je n'étais pas trop rassuré car je ne savais pas à quoi m'attendre. Mais à mesure que la semaine avançait, je me situais mieux dans la caserne et surtout j'ai fait connaissance avec ceux de ma section. Ils sont tous sympa et on s'amuse bien (quand on a le droit!). Il y a d'ailleurs dans ma section Jean-Luc Chapatte, pour ceux qui le connaissent, qui a fini en même temps que moi l'école d'ingénieurs. A la caserne, il y a trois compagnies. Je suis dans la deuxième, qui regroupe des Suisse Romands et quelques Suisse Italiens. Dans la compagnie, nous sommes 108 pionniers ondes dirigées divisés en cinq sections dont une de commandement (qui regroupent les ordonnances). Je suis dans la deuxième section. Parmi les supérieurs, il y en a des sympa et d'autres pas du tout. Notre lieutenant s'appelle Gisler, il est assez sympa et Suisse Allemand, alors il a de la peine à parler le Français. Le caporal, qui reste encore 2 semaines, est sympa car il est dans la même situation que nous: il en a rien à foutre et il voudrait bien faire autre
chose. Par contre le sergent-major c'est une pute, il fait TOUT pour embêter les autres. Bon il parait que c'est son boulot d'embêter tout le monde.
Et puis le chef de la compagnie c'est le premier lieutenant Colombo (c'est pas un gag!) mais il ne se promène pas en imperméable et il ne parle jamais de sa femme. C'est un tessinois et il n'a pas l'air méchant mais c'est dur de savoir car il fait que de nous parler. La caserne est située à moins d'un kilomètre de l'aéroport, alors il suffit de lever la tête pour voir un avion tout près. Bon, c'est bien joli au début, mais le bruit finit vite par nous casser la tête. A la caserne, il y a aussi un enclos avec des moutons. Sans doute pour nous montrer l'exemple à suivre pour me pas faire capo...
Cette semaine, on a fait déjà beaucoup de choses: on a reçu le matériel, ça prend du temps et ça en fait beaucoup: plus de 40 kg. C'est à partir du mercredi qu'on était  'déguisés'. On a aussi eu de l'instruction théorique et pratique du Fass: on devait faire des chargers, déchargers, changements de magasins des dizaines de fois, changer la manière de porter le fusil le plus vite possible, on a dû bien sûr le démonter, etc. On a appris aussi à se mettre en rangs par 4, sur un
rang ou autour du lieutenant le plus vite possible, mais certains ne comprennent pas trop et mettent la pagaille. On a eu aussi de l'instruction sur les grenades, on a fait de 'l'aide aux camarade et à soi-même' et plein d'autres choses utiles et inutiles. On a eu le lundi soir une sortie et le mercredi un souper fac. Ah, et puis la nourriture est mangeable, sauf mercredi où on pouvait dire qu'il ont fait UN SEUL spaghetti tellement ils étaient collés... et la sauce avec les 'juifs tassés', bof...

Maintenant, je suis un peu crevé mais c'est encore supportable. On verra les semaines suivantes.
 


Deuxième semaine:

Titre: Suite de mes aventures à Kloten
 

Encore une semaine de passée. Mais il y en a encore treize... Beurk! Mais bon, après deux semaines, j'ai bien tenu et donc ça veut dire que je tiendrai sûrement jusqu'à la fin. La première semaine, il y avait les mesures de discipline qui se sont mises en place et cette semaine c'était plutôt le physique qui s'est mis en place. Avec la chaleur de cette semaine (des fois jusqu'à 35 degrés) c'était très dur... mais avec un peu de volonté ça va sans problème. En tout cas, j'ai maintenant accepté cette armée comme étant mon quotidien durant quelques semaines et donc psychologiquement ça va.

Cette semaine, on a continué à faire des trucs assez bêtes, style école de section: se mettre en colonnes par 4, marcher au pas, tourner et s'arrêter tous en même temps, donc sans se foncer dedans. On a aussi continuer d'utiliser le fusil. Il faut le démonter en 45 secondes et le remonter en une minute et demie. Le lundi, on a aussi eu une inspection sur plusieurs choses qu'on avais faites la première semaine et c'est entre autres le capitaine qui la faisait. On a aussi maintenant des leçons de gym. Le mardi on a fait du foot, ça changeait de l'école de section. Le vendredi on a eu un test physique et j'ai réussi à faire 2,5km en 12 minutes sur une piste finlandaise. On a aussi eu un colonel (en fait le commandant de l'école) qui est venu voir si on avait bien appris nos 'leçons' et il avait l'air content. Le mercredi soir, après une longue et dure journée de trucs inutiles et fatigants, on a fait une marche de 10 km. Vous me direz que c'est peu, mais avec plus de 20 kg sur le dos, ça change beaucoup. J'ai très bien suivi le rythme même si c'était dur. Après km, on a mangé et on avait des boîtes de chili con carne à cuire sur notre réchaud de secours. C'était très pittoresque. Après, on a marché 10 minutes avec notre masque à gaz et ils nous ont fait entrer dans une cabane et ont lâché du 'gaz banane' et si on ne sent rien, c'est que le masque est étanche. Justement, en plus on n'a en plus rien vu et on était déçus, mais à l'extérieur, en enlevant les masques, on s'est rendu compte qu'on puait tous la banane. En arrivant et quand on a fini de tout nettoyer et ranger il était déjà minuit. Je n'ai pas eu d'ampoules, juste un peu mal à l'épaule gauche et à la plante des pieds. Le vendredi, comme la première semaine, on a dû faire le contrôle du matériel. Il a fallu sortir et aligner TOUT ce qu'on a reçu, c'est-à-dire 40 à 50 kg de matériel, dans la cour d'appel puis voir ce qui nous manquait. Bien sûr ce qui ont perdu quelque chose ont du faire une corvée pendant que les autres dorment. Avec une centaine de personnes c'est assez rigolo... Mais certains pétaient les plombs... C'est vrai que c'est très chiant... et on va peut-être le faire toutes les semaines. Cette semaine il y a aussi eu la formation des conducteurs de véhicules. Il paraît que le début était très dur et très stressant quelques uns ont pété les plombs, mais après c'était plus intéressant.

Et j'en ai des belles à raconter: il y a un rasta dans la compagnie et bien sûr, il ne veut pas couper ses dreadlocks (je le comprends). Normalement, quand on a les cheveux trop longs, il faut mettre un filet. Lui il l'a acheté et a mis ses dreadlocks dedans, mais ils sont tellement volumineux que la casquette et le béret n'entrent pas. Alors les supérieurs l'ont 'gentiment' prié de couper ses cheveux, mais il a refusé et on l'a mis au trou entre mercredi et vendredi et maintenant, il l'ont renvoyé de l'armée. Il devra recommencer l'année prochaine, mais le cirque va sûrement recommencer. Autre histoire: pour aller chercher les fusil, il faut prendre la clé du local au PC et inscrire qu'on l'a prise dans un carnet. Il y a un gars qui a mal fait ce boulot, alors le sergent-major a confisqué la clé et on a du aligner nos fusils devant les chambres. Alors le gars a dû les ranger un par un dans le local, les mettre au bon endroit et entre chacun s'annoncer au sergent-major. En plus, il a dû le faire à partir de 23h... Il n'a pas dû se coucher tôt...
Il y a aussi un autre gars qui a pété les plombs, mais violent, il a, il paraît, frappé son lieutenant et il y a eu la police et l'ambulance qui l'ont cherché, ils l'ont amené à l'hôpital psychiatrique. D'autres ont pété les plombs, certains (même beaucoup) sont allés à l'infirmerie, une des raisons étant la marche de mercredi.

Pour finir: vendredi soir, on s'est bu une bouteille de blanc (très bon, c'était du valaisan) dans la chambre, après l'extinction des feux, et il faut savoir que l'alcool est STRICTEMENT interdit. On a commencé à servir les premiers verres , à la lumière d'une lampe de poche, et comme on faisait beaucoup de bruit, le sergent-major a ouvert la porte de la chambre ...   suspens   ... et il n'a pas allumé la lumière, et le gars qui tenait la lampe de poche l'a tout de suite éteinte... ouf... il a dit 'je ne veux plus entendre un bruit, compris?' alors on est vite allé se mettre au lit avec la bouteille, les verres et le tire-bouchon (comme la lumière était éteinte, il n'a rien vu). On a rien dit pendant 5 minutes et après, on a tranquillement bu la bouteille... Là, on a frisé la catastrophe...


Troisième semaine:

Titre: Encore une semaine de faite
 

Cette semaine, on a eu peu de choses de nouvelles. On a refait de l'école de section, manipulation de la grenade, du fusil, SPAC (tenue de protection chimique) etc., mais on a quand même appris à lire les cartes en utilisant un logiciel sur mac. Ceci nous a permis de faire une course d'orientation un après-midi. Chacun partait à intervalle d'une minute, mais 100m plus loin, on s'est tous rejoints et on a fait tranquillement le reste de la course, avec une pause cigarettes, etc. Jeudi, on est allé tirer. On a d'abord fait une marche de 30 min avec le paquetage de 20 kg jusqu'au stand de tir (juste 30m), on a eu des explications, on a touché 32 cartouches et un magasin supplémentaire et on a commencé à tirer nos balles sous forme de plusieurs exercices pour apprendre à régler la hausse et à se familiariser avec les manipulations du fusil.
C'était assez facile car en me donnant de la peine, j'arrivais sans problème à viser dans le noir (cercle de 6 cm de diamètre). Après on a nettoyé notre fusil et on a mangé (de nouveau la boîte sur le réchaud de secours). On a aussi eu cette semaine le début de l'instruction théorique sur les transmission (par exemple les mesures de sécurité pour tirer une ligne dans la nature). En fait les choses intéressantes vont débuter la semaine prochaine.

Et puis aussi: notre capo (Christophe Coissy) qui faisait un cours de répet et qui est maintenant parti, mais alors celui-là, il en a fait de ces trucs... Par exemple cette semaine, il a caché les harnais de deux lieutenants. Ils ont passé quelques jours à les chercher dans toute la caserne, y'en avait même un qui fouillait dans les poubelles... Ceux de la section d'un des deux (lui il y croit, il veut grader le plus possible), il ont souffert un max car il était vraiment énervé, tandis que les autres se marraient en les voyant. Une autre fois, on était sensé avoir deux heures de SPAC un soir, alors notre capo nous a emmené dans la salle de conférence et on s'est vu le '5ème élément' sur écran géant. Ça passait bien... On a remis ça vendredi matin à la place de la gym et on s'est vu 'Demolition man'. Hélas, on n'a pas pu le voir jusqu'à la fin: y'avait des Suisse Allemands qui avaient réservé la salle, alors on ne s'est pas fait prier pour la quitter... Et il en a encore fait des belles...

Par contre le sergent-major, on le déteste de plus en plus: il donne de plus en plus de choses à faire en punition (style pendant que les autres dorment il fait fendre du bois (on a une cuisinière à bois) histoire de réveiller tout le cantonnement et de monter toute la compagnie contre celui-ci, mais en fait c'est plutôt tout le monde qui se monte contre le sergent-major) et il regarde tout le monde d'un air méprisant comme si on était des sous-merdes. Par exemple:  il a pris un de notre section comme tête de Turc. Résultat: Samedi passé déjà, il  a du se réveiller à 4h30 pour travailler car il avait fait une toute petite erreur. Cette semaine c'est trois soirs de suite que le sergent-major l'a réveillé 15 minutes après l'extinction des feux car il avait fait chaque fois une petite chose (trois poussières sous ses chaussures, pendant l'appel il avait chassé une guêpe car il en est allergique, ou même aucune raison, juste pour embêter) Nous, on a voulu être solidaires, alors tout ceux de la  chambre se sont réveillés et aussi mis en tenue de combat complète, fusil harnais casque etc. en 5 minutes. Le sergent-major nous a fait faire 2 tours de la caserne en 3 minutes, 25 minutes d'école de section et enfin 10 pompes. En fait ça l'a bien gêné, car il aurait dû s'occuper des autres. Il nous a fait faire un truc dur pour nous dissuader de recommencer, mais en fait, la prochaine fois, toute la section va se réveiller, puis enfin toute la compagnie (soit environ 100 hommes). On va gagner!...

L'autre jour, avant le souper fac, comme j'étais chef de chambre, j'ai du rester en dernier dans la chambre pour que le sergent-major voie si la chambre est en ordre. Il a fait le test de la poussière: il a pris mon béret, l'a fait glisser sous une rangée de lits et il a vu que le béret (noir) avait le dessus blanc de poussière, alors j'étais bon pour rebalayer la chambre et nettoyer mon béret avant de me présenter à l'appel. Dans une chambre, c'était propre (le béret est resté noir), alors il a pris une botte de combat, l'a tapée violement contre le sol et a dit 'Maintenant la chambre est sale!'
Les sorties c'est assez mythique. Je vous raconterai ça en détail, mais heureusement qu'on est en tenue de sortie militaire, comme ça les gens sont plus tolérants.

En ce qui concerne le premier lieutenant, on l'apprécie de plus en plus. Si on le respecte un tantinet, on se fend bien la gueule avec lui... Il envoie même des fions au sergent-major (mais bon pas en sa présence). Cette semaine, les cuisiniers de détachement ont eu leur formation. Ils ont vécu presque toute le semaine dans le bunkers du paddock, c'est-à-dire dans des conditions de dislocation. Ils ont eu des journées très rudes mais étaient plutôt livrés à eux-mêmes. Le jeudi soir, il nous ont invités et ils nous ont fait un bon repas. Surtout le patates et le croissant à la pâte d'amandes... ça changeait des pâtes et du riz... pâtes riz ... patrie!...
Il y a aussi eu un cuisinier qui s'est fait attraper avec un joint. Il n'a reçu sa sentence que vendredi à 12h30: à 13h30 il devait faire 5 jours de trou et en plus il avait prévu de faire la noce et plein d'autres trucs... ils mettent le trou là où ça fait le plus chier le gars... Il y a encore eu plein de choses que je pourrai raconter, mais je ne me rappelle plus.


Quatrième semaine:

Titre: Résumé de la quatrième semaine
 

Ça avance, ça avance... mais juste un peu plus du quart est fait... Mais ça va devenir de plus en plus intéressant. Cette semaine était particulièrement physique, vous le verrez par la suite. Ce qui est bien, c'est qu'il n'y avait que 4 jours à cette semaine mais tout semble comme si ils avaient réparti le lundi sur les autres jours, ce qui a donné des journées assez exténuantes. Comme je me suis proposé en tant que sanitaire de section, le lundi et le mardi on a eu les premiers cours. C'était assez intéressant. On est 17 pour toute la compagnie. On a appris à faire des pansements, les mesures de premiers secours (RRSS pour ceux qui connaissent) des leçons d'anatomie et plein d'autres choses utiles. On aura des autres cours par la suite. On a également reçu une trousse de premiers secours qu'on doit toujours avec soi en service.

Mais le mercredi, en dehors des cours de sanitaire, le matin à 5h15, on a eu l'appel et on a fait du jogging. Le but c'est de faire je crois 5 km et je l'ai fait en 20-25 minutes sans (presque) m'arrêter. C'est seulement après, (à 6h) qu'on  a déjeuné. La semaine prochaine on refera ça 2 fois. Le soir on a fait la marche de 15 km, mais comme les lieutenants et les capo de certaines sections se sont trompés, on a sûrement fait 20 km. Avec tout le poids sur le dos et les chemins étroits, boueux et pentus qu'on a empruntés, et en plus dans le noir, c'était assez pénible. On est rentrés à minuit en gueulant comme pas possible car c'était le premier lieutenant qui a ordonné ça aux capos pour réveiller toute la caserne et il y avait le sergent-major d'une autre compagnie qui courrait et sautait dans tous les sens en criant 'Ruhe, ruhe!...'. Colombo (le 1er lieutenant) est venu vers lui et lui a fait le signe de la fermer. L'autre était tout étonné. On a du tout ranger, nettoyer et se doucher, alors on était au lit à 1h30. Ça faisait une journée de 20h puis une nuit de 4h30. Le lendemain on est allé tirer à 300m, avec encore 45 min l'aller et le retour avec tout le paquetage. Moi j'étais le 2ème meilleur de ma section. Il y en a un qui a tiré à 30m car les cibles de 300m n'étaient pas en face... L'après-midi, on a encore fait des trucs cons et durs (lancer de grenade, ramper. Heureusement, le soir on a eu un souper fac de 19h30 à 23h30 mais j'ai un peu abusé sur la boisson et le lendemain, j'étais assez mal. Heureusement que le lieutenant m'a laissé dormir dans la forêt pendant que les autres faisaient des exercices. Il s'est encore passé plein de trucs cette semaine, mais je ne me rappelle pas de tout...


Cinquième semaine:

Titre: Un tiers de fait
 

Eh oui, un tiers de mon école de recrue est faite, c'est-à-dire 5 semaines sur 15. Maintenant, la plupart de la formation de base est faite. La preuve: la semaine prochaine, on part pour une semaine de dislocation pour des tirs de combat près de St-Gall. Mais pour le moment, je vais vous parler de la dernière semaine écoulée, mais premièrement j'ai oublié de vous dire qu'au début de la semaine passée, on a eu les capos qui payent leurs gallons. On les aura jusqu'à la fin de l'école de recrues. Il y en a un qui s'appelle Dubois et qui est Chaux-de-Fonnier et il est assez sympa, on s'amuse bien avec lui mais est aussi un peu renfermé. Le deuxième s'appelle Trinkler et est Tessinois mais sait assez bien le français et c'est on Don Juan, un Casanova, car il a, il paraît, une dizaine voire plus de bonnes femmes disséminées un peu partout en Suisse, mais surtout au Tessin.

La semaine était assez tranquille mais quand même bien remplie, sauf le mercredi (vous verrez pourquoi). Le lundi, j'étais de service pour la deuxième fois. Comme on n'a le droit qu'à 2x20 minutes de pause pour toute la journée, c'était assez stress... En plus il faisait chaud, j'étais mouillé, surtout en servant les autres au repas de midi, j'ai vite dû m'essuyer le front car sinon la sueur aurait coulé dans les assiettes... Bon... Le mardi, on a commencé par du sport avant le petit déjeuner et j'ai fais tout le parcours mais pas en courant tout le temps. Après, on a fait des répétitions de plein de trucs et l'après-midi, on a appris entre autres à tirer des lignes, il y a plein de trucs à savoir.
Le mercredi, c'était spécial: comme il y avait un bordel monstre dans le matériel, il a fallu prendre le tiers de la compagnie pour effectuer un contrôle matériel. Les autres (dont moi) on a eu congé de 11h du matin à 23h30! On en a profité entre autres d'aller à Zurich au bord du lac et de se baigner et se reposer au sur l'herbe. Avec la chaleur qu'il faisait, ça passait hyper bien... Après, on est allé se boire un verre au Planet Hollywood de Zurich, c'était chouette. Ensuite on est allé à Kloten souper dans un bon restaurant pas trop cher qu'on connaissait déjà. Le lendemain matin, on est allé tirer, au même stand que la semaine passée et comme je ne me suis pas donné de peine, j'étais plutôt vers le bas du classement. L'après-midi, j'ai dû passer des tests sur la grenade à main car lundi je n'ai pas pu les faire. Ça c'était assez chiant... mais je les ai passées, ces tests. Pendant ce temps, les autres ont tiré des lignes.
Le vendredi matin, on est allé lancer la grenade, la 'grosse' d'exercice d'explosion. On est allé en véhicule car c'était à 6 km... c'était la première fois. Le terrain de lancement est une sorte de chemin creusé dans une colline (5-7m de hauteur) et au bout c'est plus large avec du sable sur le sol et un mur pour ne pas attraper sur soi les éclats et le sable. C'était pas trop difficile, on a déjà entraîné ça avec des grenades de marquage qui font juste une petite explosion au bout de 3 secondes. Ça fait du bruit, surtout quand on attend dans une cabane son tour de la lancer. On a aussi appris le matin à faire des bivouacs (tente etc.). L'après-midi, on a encore tiré des lignes. Le soir, on a eu le droit de sortir de la caserne et on s'est bu des bières et on a invité le lieutenant qui en a bu une avec nous, mais quand un capitaine lui a dit que c'était interdit de boire de l'alcool, il n'en a pas reprise une avec nous pour la seconde tournée...


Sixième semaine:

Titre: Semaine de guéguerre
 

Nous avons eu la première semaine de dislocation. Elle consistait en une 'semaine de tirs de combat' comprenant plusieurs exercices différents. On l'a faite à Bernhardzell, entre St-Gall et Bischofszell, dans le canton de St-Gall.

Voici comment ça s'est passé: Lundi on a d'abord eu de la théorie générale puis après on a préparé le paquetage: vous prenez les deux sacs à dos pleins à craquer, le sac de couchage et le harnais, vous mettez le tout ensemble et mettez en plus le fusil et le sac à effets aussi plein... et ça fait un paquetage de facilement 40 kg (si ce n'est pas 50). Heureusement qu'on n'a pas dû le porter longtemps. L'après-midi, on a chargé les duro (les véhicules pour ceux qui ne connaissent pas) et on est partis. On était je crois 14, noyés dans les paquetages... je ne pouvais plus bouger ma jambe et avec la position qu'elles avaient ça me faisait assez mal... Après une heure et quart de route on est arrivés. On n'a d'abord rien vu à part une place de parking. On s'est aperçus qu'il y avait une sorte de porte de garage un peu cachée: dedans il y avait un abri anti-atomique dans lequel on logerait. On s'est installés. Notre chambre faisait environ 4m sur 5m au grand maximum et on était 20, et en plus on aurait pu être 30 car le 3ème étage des lits n'était pas utilisé. Le soir, on a eu un peu d'instruction. Ensuite on voulait aller se doucher car on avait beaucoup transpiré, mais le sergent-major nous a interdit... Bon on est allés au lit tout crades et bien sûr on était entassés dans ces lis de 80 cm de large... Bon, on a quand même dormi. Le lendemain, j'ai fait de 6h du matin à 6h le lendemain la garde. Sur ces 24h, j'ai travaillé au moins 10h. Pendant la garde on n'a pas le droit de boire, manger, lire, fumer, et surtout pas de dormir... la seule distraction était la radio: entre les 4 postes de garde, on se racontait des conneries et d'autres choses. Quand il y avait un gradé qui passait devant un poste de garde, on était censés se lever, se mettre au garde à vous, saluer, dire 'Poste de garde compagnie 2' puis se rasseoir. Bon, avec les capos on a oublié, la plupart ne disaient rien. Pendant les pauses, on pouvait faire presque ce qu'on voulait, tant que le responsable de la garde savait où on était. J'en ai profité pour dormir un peu afin de prévoir le manque de sommeil de la nuit. J'en ai aussi profité pour prendre une douche, mais manque de chance, je devais aller à un poste de garde qui se trouve à env. 3 km de l'abri. J'ai
pu disposer d'un vélo. Pour l'aller, ça va c'était très pentu, mais pour le retour, 2h après, j'ai dû pousser le vélo presque tout le temps et j'étais trempé... Encore 2h de garde à l'entrée. A 23h j'ai assisté à la rentrée des caporaux qui étaient en sortie. C'était vraiment mythique, cette rentrée. Il y en avait un complètement bourré et qui parlait très fort. Il avait une bouteille de Hooch à la main et un autre lui a dit que ce serait mieux de ne pas entrer avec la bouteille. Il l'a alors cachée dans un container à ordures. Après, 2h de pause, 2h de garde, 2h de pause et c'était 6h du matin... Cette nuit là, j'ai dormi 3h. J'étais donc crevé pour les exercices du jour.
Le matin on a entre autres fait un exercice dans lequel il faut courir, se mettre à couvert, ramper, tirer, lancer des grenades (de marquage = avec juste un petit pétard à l'intérieur). On l'a fait plusieurs fois et sans pause entre deux, alors on était assez crevé. L'après-midi, c'était plus rigolo. On a fait du 'sim-fass' (pas 'slim-fast', bien que l'exercice puisse aussi faire maigrir). Ça consiste en un système avec des capteurs à mettre un peu partout sur le corps (mais pas les jambes et les bras) et aussi un boîte à mettre sur le fusil. Cette boîte envoie un rayon laser quand on tire et si ça atteint le capteur d'un autre joueur, une boîte sur le ventre commence à siffler, ça veut dire qu'on est mort. On doit alors se mettre sur le dos pour que le sifflement cesse (ou enlever et remettre la pile). Le caporal a une sorte de pistolet; il tire sur nous pour nous 'ressusciter'. On s'est donc divisés en deux équipes et on s'est affrontés, cachés derrière les arbres, dans les buissons et contre le sol et on attendait l'ennemi... C'était amusant bien que physique. Le lendemain on a passé la journée à une place de tir aussi dans la région. On a fait plusieurs groupes et on a fait 6 postes. Le plus crevant en était un où on était caché dans un tunnel de moins
d'un mètre de diamètre. Un 'observateur' dit que des ennemis arrivent. On charge les fusils et on sort du tunnel. On se déplace à couvert jusqu'à une bosse et on commence à tirer sur les ennemis représentés par des cibles jaunes qui se couchent puis se redressent quand on les touche. On se déplace ensuite sur une autre série de bosses et 6 personnes sur 10 lancent la grenade (cette fois une vraie). On tire pendant que chacun se prépare à la lancer (sortir du harnais, annonces, dégoupillage) puis quand elle est lancée, tout le monde rampe pour descendre de la bosse pour se protéger contre les éclats. Dès qu'elle a pété, on remonte la bosse et on se remet à tirer. On se déplace sur des autres bosses et les 4 derniers lancent leur grenade. On fait ensuite un retrait à couvert. Après l'exercice, je peux vous dire qu'on est crevé!...
L'après-midi, on a eu plutôt de la théorie (pour notre groupe) puis 3 à 4 h de pause... on en a profité pour faire une bataille de cailloux dans un tunnel puis une sieste au soleil (et des parties de cartes pour certains). Le soir, entre 21h et 22h20, toujours à la même place de tir, on a fait du tir de nuit. On avait des balles traçantes. C'était très joli car ça faisait une trace orange, comme un laser, entre le canon et la cible. Il y avait aussi des fusées éclairantes pour illuminer les cibles. Une verte indiquait le début du feu, des oranges pour continuer le feu et une rouge pour cesser le feu. En tout cas tout c'était très joli.

Le lendemain matin on a fait un exercice où il fallait courir dans des tranchées (donc repliés), se mettre chacun a une place et au bout d'un certain temps faire un feu de surprise (tirer tous en même temps; pour que cela soit possible, il fallait regarder sur une montre). On l'a fait 7 fois, alors après, on était bien crevés. On a quand même eu droit à une pause inattendue: un chat se promenait vers les cibles! On a dû attendre qu'il veuille bien partir pour continuer à tirer... On a aussi fait le même matin un simulateur de tir avec des fass 90 modifiés et on devait tirer sur un écran où il y avait des ennemis. C'était presque ludique! L'après-midi, on a fait les paquetages, on a rangé l'abri, on a chargé les duro et on est partis. Cette fois ça allait mieux car les paquetages étaient tous à l'avant. Quand on est arrivés, on a dû nettoyer à fond le fusil, les deux paires de chaussures et le paquetage et attendre au froid que toute la compagnie ait bien fini pour entrer dans la chambre, déposer les paquetages, aller souper. On a ensuite dû sortir tout des paquetages, nettoyer la caserne, les chambres, faire un petit contrôle matériel, faire un contrôle du retrait des cartouches car il y a eu un accident mortel dans une autre caserne, prendre une
douche bien méritée et un bon dodo de 7h... quel luxe, avec les autres nuits de 3, 4 ou 5h (j'ai dormi 12-13h en 3 nuits). C'est d'ailleurs la première fois que j'étais content de retourner à la caserne de Kloten!...


Septième semaine:

Titre: Une semaine assez chargée
 

Comme le titre le montre, la semaine fut assez chargée et par la même occasion crevante.

Déjà, le lundi, j'ai fait de l'instruction de sanitaire de section tandis que les autres ont préparé leur paquetage puis sont partis à 6 km de la caserne, direction Bülach. Là, ils ont installé un bivouac complet, ce qui leur a pris toute l'après-midi et une partie du soir. Pendant ce temps, j'ai fait de la répétition pour le test, et de la théorie sur les brancards et sur des pansements. Le soir on a préparé notre paquetage et on est partis au bivouac. Juste avant de partir, on a appris qu'un de notre section est tombé dans les fils de fer barbelé (protection du campement contre les 'intrus') et qu'il a failli se crever l'oeil, à moins d'un centimètre près. Il est resté environ un jour à l'infirmerie de la caserne. En arrivant au campement, on n'a pas vu grand chose à cause de l'obscurité (même pas de lune). Mais il faut dire que chaque section a un campement séparé des autres d'environ 50m et les tentes sont disposées autour d'un feu dans une tranchée. On dispose de sacs d'eau avec une sorte de robinet en bas. Il y avait aussi une partie poste de commandement. En fait c'était la caserne reconstituée avec les moyens du bord. Par tente, on était 6. On est resté un bon moment autour du feu (c'était bien car il faisait très froid pour la saison) on a mangé, bu (il y avait hélas peu de vin) discuté et certains ont joué de la musique (guitare). Bref, c'était sympa. Les premiers ne sont pas partis se coucher avant minuit et demie. Je suis allé me coucher à 1h30 mais cette nuit, je n'ai que dormi 1h - 1h30 car j'avais sûrement bu trop de café et en plus ceux de chaque côté de moi ronflaient.

Le lendemain, j'étais très 'frais' pour passer le test de sanitaire de section, alors je l'ai loupé (un tiers a loupé)... Je suis donc rentré au bivouac et on a alors fait plusieurs choses dont de l'instruction et du rangement. On a aussi fait de la SPAC: on est allé dans une maisonnette avec la tenue chimique complète et le lieutenant a lâché une bombe lacrymogène. C'est seulement lorsque on avait presque tout enlevé et qu'un coup de vent a soufflé du gaz de la maisonnette vers nous qu'on a su ce que c'était... Le soir, on a aussi dû porter la tenue chimique complète pendant une heure et demie. C'était assez crevant à cause du masque de protection. La nuit suivante, j'ai dormi que 4h car le lendemain on s'est réveillé à 3h pour partir à 4h faire une marche de 25 km qui passait autour de Bülach. Sur 5 km, on a du marcher 3 km avec la tenue chimique partielle (sans masque) et 2 km avec la tenue complète, mais ça faisait presque 4 km car on s'est trompé de route... On a fait quelques arrêts
plutôt courts. C'est plutôt bien été et en arrivant, j'étais pas trop crevé. On était donc au bivouac pour 11h30, on a alors pris le dîner et tout de suite après, on a commencé à ranger le bivouac. Heureusement que ceux qui sont restés au bivouac (problèmes de santé) avaient déjà plié les tentes et les sacs de couchage. On a quand même dû plier les fils de fer barbelés, ce qui prend beaucoup de temps même à plusieurs. Notre section est rentrée assez tard. On a alors dû stresser à la caserne car il a fallu tout nettoyer (chaussures, fusil, paquetage, sac de couchage, tenue chimique, gamelle...). Après, j'ai tout rangé dans la chambre, ensuite une douche bien méritée et on est sortis pour un souper fac. Comme je m'endormais presque à table, je ne suis pas rentré tard.
Le lendemain, on a fait du tirage de ligne avec du fil F-4 (du gros fil) On a dû tirer ce câble entre 2 points notés sur une carte. On était 6 par groupe avec un chef de groupe. On n'a pas pu faire tout le parcours faute de temps car on n'avait pas encore l'habitude de faire ça. On a dû passer le câble 3x sous un chemin (on creuse une tranchée) et 3x en hauteur. Je vous expliquerai une autre fois la technique en détail. On a dû d'ailleurs tout démonter jeste après. On est alors arrivés très en retard pour le souper, alors c'était le stress. Le soir on a eu de l'instruction à ce sujet car on avait mal fait les nœuds et on a aussi contrôlé le matériel.

Le vendredi matin, on est allé tirer à 300m au même stand que d'habitude et l'après-midi on a eu de l'instruction sur les appareils terminaux et on s'est donc amusé à se téléphoner entre tout le monde car la radio dernier modèle fait office de central téléphonique (je vais aussi vous expliquer ça plus tard). Le soir, on a loupé l'inspection mais on a fait du rangement, mais pas de contrôle matériel.

Le lendemain, je suis parti une heure plus tôt (6h) pour aller à la remise de mon diplôme d'ingénieur ETS, au Locle. Ma demande de congé pour vendredi soir a été refusée car le capitaine a estimé que ça allait aussi de partir une heure plus tôt... C'était assez le stress...
 


Huitième semaine:

Titre: LA MOITIÉ DE FAITE!!!
 

Eh oui, maintenant j'ai dépassé la moitié de cette foutue école de recrues... s'ils ne m'obligent pas à aller plus loin. A ce propos, lundi, on a reçu la première liste (sur 3) de ceux qui vont peut-être faire caporal. Comme je n'y était pas, j'étais bien-sûr content, mais ça ne veut pas dire que je ne graderai pas; il faut juste que je garde la même attitude et ne pas trop me faire remarquer... Ceux de la liste ont eu un entretien avec le capitaine et certains ont été pris à 100% (d'après lui) donc ils étaient un peu en rage... Bon, si non, le lundi, on a fait de la théorie et un exercice de radio, on a fait une transmission entre deux R-902 (ancien modèle de radios à ondes dirigées, modèle 1975), mais ça n'a pas marché car les batteries n'étaient pas assez chargées! A part ça, je ne me rappelle plus trop ce qu'on a fait, donc ça devait être chiant... Le soir, on a eu une sortie et c'était très sympa.
Le mardi aussi, que de la théorie technique et autre, et je ne me rappelle non plus ce qu'on a fait. Par contre je me rappelle que le soir on a eu un souper fac et qu'on s'est fait un bon gueleton, miam... Le mercredi matin, de la théorie encore puis l'après-midi on a commencé un exercice de tirage de ligne (lignes F-2, pour le téléphone). On a préparé nos paquetages puis on est partis dans la région Shaffhouse. On a attendu longtemps à un entrepôt d'une fabrique de briques puis encore longtemps à la ferme d'où partiront les lignes des 3 groupes de notre section. D'ici que la construction de la ligne commence effectivement, il était 18h passé, quelle organisation! Bon, moi j'étais planqué car j'étais à la garde téléphonique: je suis resté toute la soirée à la ferme en surveillant les 3 téléphones des 3 groupes, tous attachés sur une poutre de la ferme grâce aux moyens du bord. Je devais noter dans un journal de combat quand chaque groupe appelait et où ils en étaient (combien de bobines déroulées) et aussi d'autres choses (par exemple. où est le lieutenant) Donc c'était tranquille mais aussi chiant et je m'endormais de plus en plus. Bon, il y avait plein de chats qui se promenaient dans le coin alors je m'occupais à les caresser... Tandis que les autres se faisaient chier à tirer leur lignes dans la nuit noire. L'exercice s'est terminé à minuit et demie, même si le point d'arrivée n'était pas franchi. Les autres sont allés se coucher à un endroit où ils ont trouvé de la place (ferme, duro, etc.), mais moi, j'ai fait la garde jusqu'à 2h30 et c'était dur de résister au sommeil... Quand je me suis enfin couché (dans la paille) je n'arrivait pas à dormir à cause des moustiques qui sifflaient dans les oreilles (je déteste ça).

Le lendemain à 7h (oui, 7h), on m'a réveillé, alors je me suis rendu compte que j'ai quand même dormi au mois un peu. J'ai déjeuné péniblement puis j'ai encore fait la garde pendant que les autres défaisaient la ligne et j'ai profité de ranger tout le bordel qu'on a fait dans la ferme puis j'ai aidé à trier les affaires puis à les charger dans les véhicules alors que depuis la nuit il y avait un déluge et que j'avais un horrible mal de tronche... Quand tout était bon, on est partis et arrivé à Kloten, on a eu une discussion puis on est allé ranger la matériel et on a vu que le fourrier a fait un gros accident avec sa camionnette qui était toute bousillée à l'avant. Ensuite, on est allé en chambre, on a déposé et défait les paquetages, on a du changer notre lit puis on est allé manger, puis je me suis préparé pour l'inspection d'école de section, on a fait une répétition, puis l'appel et l'inspection et on s'est bien donné, alors le premier lieutenant était content. Ensuite on a eu de la théorie puis après le souper on a fait un exercice assez physique: il s'agit de parcourir 12,5 km en 90 minutes, avec la tenue de combat mais des chaussures de sport et le fusil dans le sac de combat. On nous a lâchés derrière l'aéroport et on a commencé à courir. J'ai couru
pendant 25-30 minutes puis j'ai alterné marche rapide et course jusqu'à la fin. Heureusement que c'était fini car je commençais à avoir des crampes. Au point d'arrivée, le sergent-major m'a dit de vite donner mon numéro de dossard car il restait plus que 20 secondes avant la fin des 90 minutes! Ceux qui nont pas réussi dans les temps auront le rattrapage pendant la sortie de lundi. Pendant la course, on a eu 2 ravitaillements: un après la moitié et un à la fin. Et heureusement que
la pluie a cessé juste au début de la course. En ce qui concerne mon mal de tête, c'est l'effort qui l'a éliminé... J'ai donc passé une bonne nuit.

Le lendemain (vendredi) je me suis réveillé avec les jambes un peu lourdes. On a passé toute la journée à faire des préparatifs pour la journée des parents. On (notre section) a passé plusieurs heures à construire un bivouac dans un pré devant notre cantonnement avec plusieurs choses: Tentes à 4, 6 et 12 places, feux dans des tranchées, dépôt matériel, WC, etc.  et les suisse allemands ont fait une tente sanitaire avec 40 toiles de tentes. On a aussi préparé le parcours de combat et le soir on a fait une répétition de notre show d'école de section.

Le samedi donc, on a fait 2h de préparation puis on est allé attendre jusqu'à 10h15 pendant qu'il pleuvait des cordes. Avant cela les parents ont eu le droit à des discours puis à une visite de notre bivouac avec un café williamine offert avec l'eau cuite sur le feu. A 10h15 on a alors commencé notre show d'école de section devant des dizaines de spectateurs médusés tandis que la pluie avait cessé rien que pour nous... On a fait nos démos habituelles mais en plus chacun a choisi une femme dans la foule et l'a mise sur un rang (moins en ordre que lorsqu'on se met en rang). Ensuite on a offert une rose à chacune de ces femmes. Devinez comment s'appelait la recrue qui devait nous distribuer les roses avant qu'on les donne? Bein, Rose... (c'est pas des conneries).

Juste après on est allé au Paddock pour faire un parcours de combat. 3 groupes de 2 ont surgit de nulle part pour ramper et courir puis tirer et lancer la grenade (tout en faux car le capitaine ne voulait pas des vrais). Plus tard, nos soldats sont tombés sur le sol car ils ont été frappés par des balles, alors 6 autres personne ont surgi de nulle part et ont transporté les blessés à une sorte d'abri sanitaire ou 6 autres personnes surgies de nulle part ont fait les premiers secours aux blessés. On a ensuite fait des démonstrations improvisées dans plusieurs domaines puis on est partis du Paddock et on a tout nettoyé les affaires (pèlerines, fusils, bottes, harnais, etc.) on s'est douchés puis on a mis notre tenus de sortie et on est allé manger avec les parents dans la salle de gym. J'ai fait ensuite visiter le cantonnement puis on a eu un appel puis un grand appel où les trois compagnies de l'école (400-500 pers.) se sont rassemblées et le commandant d'école (un colonel) nous a fait un discours et il nous a promus Pionniers Ondes Dirigées et on a ensuite chanté l'hymne national et c'est là que la pluie a recommencé...
Ensuite on est retournés à la maison.


Neuvième semaine:

Titre: Neuvième semaine
 

Le lundi matin, on a dû tout ranger ce qu'on a installé pour la journée des familles: on a démonté le bivouac (c'est nettement plus rapide que de le monter) et on a aussi nettoyé des trucs et rangé d'autres. Ensuite on (un détachement de 10) a dû ranger des stations R-902 (modèle 1975): on a du les sortir de l'entrepôt, les aligner, contrôler tout les accessoires (il y en a) et de nouveau les ranger. Il faut savoir que tous les appareils d'une de ces stations font autour des 200 kg dont certaines pièces à plus de 40 kg. De plus il y en avait une vingtaine à faire et aussi une dizaine de R-916 (les toutes nouvelles) et en plus certaines étaient au Paddock (donc les charger et décharger du Duro). Bon, c'était lourd mais pas stressant. L'après-midi, on a aidé à défaire les lignes de démo montées samedi, au Paddock, mais on en a fait un quart d'heure (certains de la section), le seul problème, c'est que c'était sous la pluie. On a ensuite attendu une demi heure dans le Duro
puis on était à la caserne avant 15h et on n'a plus rien fait jusqu'au souper à 18h. C'était je crois l'après-midi la plus tranquille de mon école de recrues! Le soir, on a eu une sortie, sauf pour ceux qui ont ratés la course de jeudi soir, mais ça faisait quand même les deux tiers de la section et la moitié de la compagnie. Donc, soirée tranquille pour moi.

Le lendemain, on a fait toute la journée un exercice de tirage de lignes au Paddock, comme il y a deux semaines, sauf que c'était cette fois du fil F-4 (du gros, donc plus difficile à monter), et en plus on n'était pas 'motorisés', c'est-à-dire pas de Puch de construction donc on n'a pas avancé rapidement, mais on a quand même atteint notre but dans les délais impartis. Bon on était avec un capo (Dubois) qui était assez stress... Le soir, notre lieutenant nous a annoncé: à 20h (ou plutôt 2000), éducation spéciale: il nous a amené dans dans une salle de conférences et nous a demandé de choisir parmi trois propositions: Full Metal Jacket, La Cité de la Peur ou Bonnie and Clyde... On s'est regardé la cité de la Peur (sur vote) et c'était presque aussi bien que le cinéma (taille de l'écran). Le problème, c'est qu'on a fini juste à 22h (appel en chambre) donc les chaussures et la douche c'était très stress.

Le mercredi matin, on a fait de la théorie je crois et d'autres débilités et l'après-midi, on est partis pour faire un exercice de tirage de lignes de 24 heures comme celui de la semaine dernière, dans la région de Wettingen je crois, mais que pour notre section. On était divisés en 3 groupes et chacun sont partis de la même ferme, mais avec des points d'arrivée différents. On a commencé à travailler effectivement à 16-17h (donc plus tôt que la semaine passée) et on a dû finir à 22h30. Entre deux on est allés à la ferme d'arrivée pour manger et dans chaque groupe, il y a un cuisinier de détachement et il nous a donc fait le souper avec ce que le fourrier lui a donné. Il dispose de casseroles et d'une cuisinière à gelée d'alcool (assez pratique) On s'est bu des bières car le paysan de cette ferme nous a offert un 10 pack de bière. Bon, on (notre groupe) a juste terminé dans les temps. Après, j'ai dû aller à la ferme de départ pour faire la garde (avec d'autres) puis je me suis couché un peu  après minuit pour faire la garde de 4h45 à 6h15. J'ai relativement bien dormi, malgré les moustiques, mais c'est peut-être parce que j'avais mis mes bouchons dans les oreilles. (Il faudra que je prenne un produit anti-moustique.) Ce matin, on a donc démonté notre ligne de 7h00 à 10h30 et après on a tout rangé, on est partis et en cours de route, on a fait un contrôle matériel de construction de lignes. On est repartis et on est arrivés à midi à la caserne pour poser et ranger le matériel puis pour manger. L'après-midi, on fait des répétitions chiantes pour l'inspection de vendredi et comme ça porte sur tout ce qu'on a vu depuis le début, c'est vraiment chiant... Mais par contre le soir, c'était souper fac, donc on s'est fait un bon gueleton, mais je me suis couché pas trop tard car j'étais vraiment naze...

Le lendemain matin, on (un détachement avec la section 4) a tout d'abord rangé des stations R-916 puis il y a eu un test théorique de 50 questions dont on n'avais pas entendu parler des trois quarts... Après, il y a eu de la répétition spac puis le repas et après, toute la compagnie s'est mise sur deux rangs (pour aligner ils ont tendu par terre des ficelles et les ont enlevées juste avant que le capitaine vienne en nous disant de ne plus bouger d'un mm). Bon, on est donc resté 15 min au garde à vous et pendant ce temps le capitaine nous inspectait et il nous narguait avec ses manches courtes alors que nous on avait la pèlerine complète et qu'il ne pleuvait plus (il y avait même un peu de soleil). On a contrôlé lordre en poche puis on a fait le test du démontage (60 sec.) et du remontage (90 min) du fusil et plus tard le contrôle SPAC, mais c'était moins terrible que je le pensais. ensuite de 17h00 à 18h00, on a dû ranger et nettoyer de fond en comble la caserne, ranger ses affaires, nettoyer la chambre et se mettre en tenue de sortie et aller manger un sandwich (on a dit adieu à la douche). Donc 18h00 l'appel et on est parti à la maison. Donc grand congé jusqu'à ce soir (lundi soir) minuit.

Maintenant une parenthèse sur le tirage de ligne: Il faut tirer des lignes entre les stations à ondes dirigées (R-902 et R-916) se situant en altitude (plus grande portée) et les utilisateurs, par exemple un régiment. Les communications avec ondes dirigées servent à mettre en communication plusieurs groupes (divisions, brigades, régiments...) en évitant de rendre ces communications interceptables par l'ennemi. Il existe deux sortes de câbles pour tirer des lignes: le f-2 pour les communications téléphoniques, double fil assez fin donc assez flexible. Les nœuds se dont directement avec ce câble. Le F-4 est réservé pour les communications ondes dirigées et se compose de 2 fils aller et de deux fils retour plus autour un blindage de terre (pour ceux qui ne connaissent rien à l'électricité: le blindage n'est pas EN terre ;-) , mais c'est un conducteur de mise à terre bel et bien en métal et qui permet de réduire les perturbations venant de l'extérieur et aussi à évacuer les courants de court-circuit dus à des défauts d'isolation). Le F-4 est donc assez gros (je pense 2 cm de diamètre) et donc pour faire des nœuds, il faut prendre du fil de rebut beaucoup plus fin. Pour tirer une ligne, on a appris plein de prescriptions pour savoir comment traverser par exemple des rivières, des routes, chemins, lignes électriques (selon leur tension). Par exemple pour traverser une route goudronnée, il faut trouver des deux côtés un poteau, réverbère ou arbre et y attacher solidement le câble  pour qu'il soit tout le long de la traversée à au moins 5m de hauteur. Croyez moi, c'est pas évident et ça prend du temps. Si le chemin est en terre battue, c'est plus facile: il faut 'juste' faire une tranchée de 10 cm de  profondeur sur la largeur du chemin et y faire passer le câble entouré d'herbe pour qu'il ne soit pas sectionné quand une voiture passe dessus.  Il faut donc après reboucher le trou. Sinon , tout les 50m, il faut fixer le câble à l'aide de poteaux de bois plantés dans le sol et le câble F-4 y est attaché à l'aide se deux 'salamis' (fil électrique de rebut) en faisant un nœud spécial et un peu compliqué mais qui tien bien. Lorsque le parcours du fil tourne (p. exemple il longe une route qui tourne), il faut donc le fixer plus souvent (par exemple. tous les 2m). S'il n'y a pas de traversées de routes à 5m et peu de tranchées, et en disposant d'un Puch (les mêmes qui font les vélo-moteurs) de construction (une espèce de jeep spécialement aménagée pour la construction de lignes avec dessus tout le matériel nécessaire, et il y en a, et aussi les bobines et un 'dérouleur' à manivelle), on peut faire une bobine de F-4 (400m) en une demi-heure, mais il faut être organisé. Bon, maintenant vous savez un peu mieux ce que je sois faire et ce que je vais maintenant faire ces prochaines semaines en dislocation. Moi, je pensais qu'il y avait presque pas de lignes à tirer, mais juste des communications avec les ondes dirigées. Mais c'est l'armée...


Dixième semaine:

Titre: Les deux tiers de faits
 

Cette semaine a débuté le mardi avec un grand contrôle matériel technique. Il a fallu trier, contrôler et attribuer le matériel technique et autre par sections en vue des prochains exercice (dont le premier a commencé le mercredi). En fait on n'a pratiquement rien fait de la journée à part transporter quelques caisses de matériel. On a passé pratiquement tout l'après-midi à attendre dans le réfectoire. C'est seulement le soir jusqu'à 22h qu'on a stressé pour charger tout le matériel dans les camions, les Duro et les Puch. Alors l'appel en chambre et l'extinction des feux ont été retardés d'une heure.

Au sujet de ces exercices, tout a été remanié. La section 4 (Pionniers IMFS ou RITM, la nouveauté de cette année) a été répartie dans les autres sections. Dans chaque section également, il y maintenant un camionneur, deux pionniers informatique et des pionniers de la compagnie 3 (je crois) donc des suisse allemands. Par section, il y a 4 groupes: deux groupes qui s'occupent d'une station R-902 (dont je fais partie) et deux groupes qui s'occupent d'un commutateur (qui sont au PC), donc 16 groupes en tout. Chaque groupe dispose d'un Duro et d'un Puch de construction plus un camion par section.

Le mercredi, on a fait la 'grasse matinée' : on s'est réveillés à 7h00 (quel luxe) mais on n'a pas eu le droit au déjeuner au lit (à l'infirmerie si). Le matin a été consacré au préparatifs de l'exercice (il s'appelle 'Piccolo') et l'après-midi on est partis. J'étais dans la cabine du camion de ma section pour faire le co-pilote. C'est donc un 2DM, c'est-à-dire le plus petit modèle (mais il est bien grand...) On est arrivés à Rüti, un grand village au nord-ouest de Rapperswil où il y a l'Alpamare. Le PC se trouve dans un abri-hôpital. Notre groupe (on était 7, mais normalement on est 9) s'est déplacé à l'endroit ou on devait installer la station. On a déchargé les affaires et on s'est organisés pour savoir comment faire.
Pendant que certains ont commencé à tirer la ligne en direction du PC (enfin de notre commutateur pour être plus exact) Les autres, on a commencé à installer la station R-902 et le bivouac (on était seulement deux groupes sur les 16 à devoir faire un bivouac, car on doit dormir au maximum à 50m de la station Ondi et on était trop loin d'une ferme.) Après, on a essayé de communiquer avec l'autre groupe qui était sur une colline à peut-être 5 km de nous, mais on n'y est pas arrivé. On a tout d'abord pensé que l'antenne était mal dirigée, alors on s'est arrangés (par PC interposé) de se faire des signaux de lumière, mais la direction était bonne. Les deux antennes ont quand même été déplacées en raison d'arbres sur le parcours. Ça ne marchait toujours pas alors on a pensé que c'était les batteries (pas assez chargées). on a alors voulu mettre la génératrice, mais les autres qui maintenant aidaient l'autre groupe de la section à construire leur ligne dont le parcours était plus difficile que le notre, avaient pros le duro avec la génératrice dedans. Lorsqu'ils sont revenus à 2h du matin (au moins), on a voulu la mettre en marche, mais on s'est rendu compte qu'on ne disposait pas de carburant. On essayait toutes les solutions quand le lieutenant est arrivé et a dit que la feuille avec les réglages de la station était incorrecte et il nous a donné la nouvelle. (Grrrr!) On a changé les réglages et quelques minutes plus tard on a enfin pu joindre ceux sur la colline!... On a fini la soirée autour du feu à boire, à manger (certains sont allé faire des achats : bouteilles de blanc, bières, chips, etc.), à fumer, discuter et chanter et je me suis couché peu avant 6h, un peu bourré (en tout cas beaucoup moins que certains). J'ai dormi dans le duro (on était 5) mais en fait je n'ai presque pas dormi (au plus une heure).

Le jeudi, on n'a pas fait grand chose (en tout cas rien n'était prévu au programme) On a quand même arrangé le bivouac et fait certaines choses toutes belles car on pensait avoir une inspection pendant la journée (c'était prévu), mais personne n'est venu (il y a eu une inspection dans certains groupes). On a aussi, en particulier moi, essayé d'améliorer la communication, mais sans bon résultat. En fin de journée, on a changé de fréquence et d'accus (mieux chargés) et les autres ont encore déplacé leur antenne et là on a bien amélioré la qualité (c'est devenu acceptable). Pour cela, il a aussi fallu changer la radio de la station car la première était défectueuse. Cette journée, on s'est aussi reposé, on a discuté et fait d'autres choses. Le soir de 20 à 22h, on nous a ordonné de commencer à démonter la station R-902 et la ligne F-4 direction PC. A 22h45 ceux qui avaient commencé à démonter la ligne sont arrivés et on a alors mangé bu discuté etc. autour du feu et je me suis
couché à minuit et demi je crois, et cette nuit-là, j'ai dormi 4 à 5h et on n'a même pas fait de garde (on voulait dormir cette nuit-là!...).

Le lendemain, on s'est levé pas trop tard. On a démonté le bivouac pendant que certains démontaient la ligne et ensuite on a tout rangé et on a chargé les véhicules. On est partis à 9h15 et on est allés à Hinwil dans l'immense parc à véhicules de l'armée et on a fait le contrôle matériel. Il a fallu décharger TOUT des véhicules, disposer correctement les appareils et autres caisses, de vérifier le fonctionnement de tous les appareils, de tout nettoyer (et c'était sale) et de nouveau tout recharger. Entre temps, les véhicules ont été nettoyés à fond. On est repartis à 14h30 je crois et en arrivant à la caserne, on a déchargé les paquetages, on a nettoyé environ les affaires, on a déchargé, rangé s'autres choses, on a vidé les paquetages et fait d'autres choses et je me suis reposé jusqu'au souper. Après, on a fait un contrôle matériel personnel puis on a nettoyé la caserne, mais c'était fait. Ensuite service intérieur (nettoyage des grolles) et une douche bien méritée puis au lit avant de partir le samedi matin à la maison pour un week-end bien mérité mais presque fini à l'heure où j'écris ces lignes...


Onzième semaine:

Titre: Première semaine de disloc'
 

Cette semaine, on a eu la première semaine de dislocation dans la région de Lucerne où il a fallu construire un réseau de communication à ondes dirigées et ceci en moins de 2 jours.

Pour commencer, le lundi matin, j'ai dû aider le sergent-major à charger le camion du magasin de matériel (c'est impressionnant la quantité de choses à prendre pour une dislocation) puis on a fait d'autres choses et on a distribué 160 doublures de sac de couchage (une par personne) et je peux vous dire que ça tiens chaud. J'ai ensuite préparé mon paquetage, (très lourd car on a presque tout pris) on a mangé et puis après quelques préparatifs, on est partis et comme d'habitude j'étais le co-pilote du camionneur de notre section. On est allé jusqu'au nord de Lucerne à un point de rendez-vous puis on est arrivés avec le camion à Sigiegen, un petit village situé sur une colline, au sud de Ruswil, village situé lui-même à une quinzaine de km à l'ouest de Lucerne... voilà pour la géographie... Moi, je suis resté longtemps au camion pour faire la garde pendant qu'un des groupes installait le PC (un des PC en fait). C'était marrant car les enfants du village venaient vers moi, me posaient des questions et montraient ce qu'ils savaient en français. Après j'en ai eu marre alors j'ai dit à quelqu'un d'autre qui passait par là de me remplacer et je suis allé au PC (dans une fromagerie au village) et j'ai regardé comment il était installé: des appareils récents empilés avec des crypteurs et plein de câbles entre eux, des téléphones, un fax, deux ordis portables (utilisés par les deux pionniers informatiques) avec une imprimante et c'était même un peu intéressant. Pour information, on 'fait semblant' qu'on est au PC (ou commutateur) du régiment d'artillerie 7 et donc avec ça il peut communiquer avec d'autres régiments, bataillons ou divisions. Un câble a été tiré depuis le PC jusqu'à une borne téléphonique car l'armée a réservé à Swisscom une ligne téléphonique à chaque PC, comme ça ils peuvent se communiquer entre eux avant que les PC soient reliés par ondes dirigées. Notre but (pour notre groupe) est de relier le PC du reg d'art 7 au nœuds 2 et 4 par ondes dirigées (un nœud est une installation qui fait des liaisons en ondes dirigées avec plusieurs commutateurs (par exemple 7) pour faire circuler les communications partout dans le réseau), donc il faudra tirer deux lignes qui iront jusqu'à deux antennes qui sont placées tout près de fermes et à un endroit stratégique (en altitude) pour assurer la transmission. Tout l'exercice se déroule dans une vaste région (je pense qu'elle fait environ 20x20 km ou plus) et les 3 compagnies de l'école y participent.
Après avoir visité le PC (et avoir compris tout plein de choses), j'ai rejoint ceux de mon groupe qui finissaient la première ligne (la plus courte) vers le PC. Je suis allé avec eux à la ferme ou on allait dormir. Là, tout était déjà installé: la radio, la salle à manger, le carnotzet avec des fauteuils et une belle petite table, les lampes un peu partout, la sono, les bouteilles, etc... Presque aussi bien qu'à la maison (bien qu'un chauffage nous aurait aidé). On a ensuite établi la communication avec le PC (câble) et celle ondes dirigées avec l'antenne du nœud 2 (ou 4, j'sais plus) et notre station s'appelle 'Zone A'. Après on a fini la soirée en buvant quelques bouteilles de blanc et de rosé, une bouteille de whisky et je ne sais plus quoi, et en grignotant plein de trucs (on a amené avec nous un grand carton PLEIN de nourriture qu'on a prise parmi ce qu'on avait reçu dans des paquets).

Le mardi matin, après une bonne nuit, on s'est réveillés à 7-8h (il faut profiter en disloc) et on est allés à la ferme où on doit mettre la deuxième antenne (Zone B). On s'est mis dans une maison en construction en raison de sa situation pour diriger les ondes. On a déchargé le matos et on a commencé à monter l'antenne et la R-902 et on s'est installés, pendant que d'autres commençaient à tirer la ligne. Tout d'un coup, le conducteur du lieutenant est arrivé seul (mais on pesait que le lieut') était avec et comme on n'avait pas nos harnais et nos fusils, on s'est précipité au duro et le chauffeur (qui vient d'une autre compagnie) a trébuché sur un chevalet et il a fait un beau vol plané et ne s'est fait apparemment pas trop mal. 5 minutes plus tard, alors qu'il trafiquait dans le Duro il est tombé dans les pommes et les deux qui étaient là l'ont retenu et l'ont couché par terre. Il a heureusement repris vite connaissance mais il était blanc et avait transpiré. On a appelé le médecin de l'école et il est venu 20 minutes plus tard alors qu'il avait repris des couleurs mais se plaignait de douleurs un peu partout. le médecin a dit que c'était pas trop grave, il lui fallait juste du repos. Tout le monde sauf moi est parti alors j'ai fini d'installer la radio et j'ai établi la communication avec ceux de l'autre côté. Le problème était que le microtel (une sorte de combiné téléphonique) était foutu, j'entendais ce que les autres disaient mais je ne pouvais pas leur parler. On a convenu que pour dire oui, c'était deux coups de sonnette et non, c'en était un. Mais comme l'autre parlait le suisse allemand, je ne comprenais pas toutes les questions et je ne pouvais pas dire que je le comprenais mal. J'ai passé pratiquement tout l'après-midi à ne rien faire, avec les ouvriers qui travaillaient à côté de moi et le fils des paysans (une dizaine d'années) qui essayait de causer avec moi et il était assez gonflé. J'ai aussi eu la visite du major d'état-major Keller (!) et du sergent-major instructeur Honneger pour voir que tout se passait bien et on a aussi 'discuté'. Sinon je me faisais chier et en plus il faisait très froid (on était en plein dans un brouillard dense) et le chauffage de la maison n'était pas encore installé. Bon, je me suis occupé à essayer de réparer le microtel et j'ai réussi car c'était juste un mauvais contact. Plus tard, les autres ont fini avec la ligne jusqu'au PC et j'ai pu alors leur dire de me remplacer et ils ont dit qu'ils mangeaient vite et seulement une heure après, ils sont venus me cherché et je suis allé manger au dortoir du PC (100m plus loin) et ils ont monté une ligne téléphonique entre le PC et le dortoir qui est un garage. Ensuite je suis allé me réchauffer au PC (il faisait presque 30 degrés dedans), je suis resté un bon moment en regardant les derniers préparatifs pour que le réseau fonctionne (échange de clés numériques pour crypter les communications) puis j'ai aidé à faire la vaisselle et je suis ensuite retourné à notre ferme pour passer la fin de soirée tandis que 5 étaient partis à l'autre ferme (la deuxième où j'ai passé presque toute la journée). On était 4 et on s'est passé une soirée tranquille (on a pas trop picolé). Et puis celui qui est tombé dans les pommes a seulement été cherché le soir pour aller au PC principal même s'il se sentait assez mal. Quelle organisation!!!

Le mercredi, on s'est réveillés pas trop tard car on a entendu dire qu'il y avait une inspection à 7h, mais en fait rien à 7h. On a amélioré l'aménagement de notre cantonnement et on a fait ce qui était nécessaire sur ordre du lieutenant. Alors qu'on n'était que 2 à la ferme et qu'il faisait très froid, on a décidé de se mettre les deux dans la cabine du duro et de la chauffer à fond, le premier-lieutenant et le lieutenant sont venus pour l'inspection et je peux vous dire qu'ils nétaient pas très contents que personne ne soit à la garde de la radio... Le reste de la journée s'est passé tranquillement (sieste, bouffe, rangements, discussions) et le soir au souper tous les gamins du village (une bonne vingtaine) se sont agglutinés devant le cantonnement du PC et ils nous ont fait essayer un snake-board et surtout ils nous ont offert deux bouteilles de rouge pas mal du tout et on les a remerciés en leur offrant des paquets de biscuits. Je suis resté avec certains pendant que mon groupe démontait une ligne. Après on m'a dit qu'il fallait vite aller aider mon équipe car leur Puch de construction était embourbé. Je suis allé sur place, mais j'ai mis du temps car je ne savais pas où il était. Heureusement que le gyrophare éclairait le brouillard et je l'ai
finalement retrouvé. La le spectacle était plutôt triste car il était à moitié dans un trou et une roue était à un mètre du sol. Bien sur, le fait de faire rouler le Puch même en 4x4 et la remorque enlevée, et en le faisant basculer pour que la roue touche le sol, ne faisait rien. On a d'abord cherché le plus de monde possible (il fallait quand même une garde à chaque place, et on était je crois 13. On a fait venir le camion qui l'a d'abord tiré avec une barre mais les deux véhicules patinaient. On a découvert que le camion avait un treuil, alors on l'a utilisé mais avant d'enlever la barre, on a dû assurer le Puch avec notre duro. Le treuil était la bonne solution. C'était vraiment une opération de grande envergure qui a duré presque 3h. Moi, je suis retourné à Zone A avant la fin pour faire la garde car il n'y avait personne et j'ai ensuite passé une soirée tranquille un peu arrosée.

Le lendemain, on a commencé à démonter les lignes. J'ai aidé à démonter celle qui va du PC à Zone B et j'étais devant pour enlever les piquets, les salamis et les autres passages sous les routes. Pendant ce temps deux autres démontaient et rangeaient ce qu'il y avait à Zone B, comme ça pour le repas de midi, tout était démonté. L'après-midi, on a aidé les deux autres groupes, situés quelques km plus vers Lucerne, à défaire le dernier bout d'une ligne qui passait dans un village (ou plutôt la banlieue de Lucerne), donc avec que des passages en hauteur, pendant que d'autres de mon groupe démontaient la deuxième ligne (de Zone A au PC). Ensuite on a visité leur PC en attendant qu'on vienne nous chercher en duro. Le reste de l'après-midi je l'ai passé à faire la garde à Zone A. Le soir, au lieu de manger la nourriture fournie par le fourrier, notre cuisinier de détachement a eu l'idée géniale d'organiser une fondue car des gens du village nous ont prêté les caquelons et les fourchettes. C'était génial et bien arrosé car on avait une bonne cargaison de blanc, mais hélas rien pour le coup du milieu. Il y avait comme toujours les gamins du villages amassés chez nous. Après j'ai profité pour ,me doucher car on dispose d'une douche à la fromagerie et ça faisait du bien car je ne m'étais plus douché depuis dimanche soir. Après on est revenus à Zone A et on a continué la noce avec du blanc, de la bière et des cafés-bucheron... On était bien...

Le lendemain je me suis réveillé sans trop de problèmes et on a dû stresser car il fallait ranger les dernières choses et les charger puis on est partis avec une demi-heure de retard et le lieut' n'était pas trop content... Ensuite on est allés à Sursee au bord du lac de Sempach, dans une usine, pour faire un contrôle matériel comme la semaine passée et la plupart du temps, on l'a passé à dormir au soleil tandis que 20 minutes avant de partir, on a dû stresser pour tout charger (quelle organisation). On est allé par navettes de Puch pour amener les paquetages et nous (système TRES lent) et arrivés à Nottwil (aussi au bord du lac de Sempach) à un abri PC et on a rassemblé notre paquetage, on a dû nettoyer nos chaussures, on a mangé, on s'est douchés et ensuite au dodo!

Le lendemain, on n'était pas trop contents car le premier-lieutenant et le sergent-major ne se sont pas pressé et comme l'appel était à la gare, on a vu passer nos trains sous le nez, alors on s'est énervés et ils ont dit que c'était pas de leur faute, et on a attendu une heure dans ce bled perdu.


Douzième semaine:

Titre: Semaine sous la pluie
 

Nous sommes donc partis le lundi matin de Nottwil après avoir fait notre paquetage. En fait l'exercice est le même que celui de la semaine passée, mais les groupes sont placés ailleurs et il y a des déplacements pour certains groupes pendant la semaine et les délais de mise en service sont plus courts. L'exercice s'appelle TimeHunt = Chasseur de temps (ils ont de ces noms débiles...). Nous, on est dans la région de Neuenkirch, au sud-est du lac de Sempach. Arrivés à notre ferme (elle s'appelle Paradis, mais c'est loin d'être le cas même si c'est pas mal, de toute façon la notion de paradis n'est absolument pas compatible avec celle d'armée), on est placés par le paysan dans une grange (sans paille ni foin). On décharge les affaires, on range tout, on met des parois (on a trouvé des panneaux de bois et on a des toiles de tente) pour éviter les courants d'air puis on monte l'antenne et la R-902 pendant que certains vont faire la reconnaissance du tracé de la ligne. Ensuite on a
mangé le repas de midi et pendant que les autres ont commencé à tirer la première ligne en direction du PC qui est au milieu du village, j'ai fini d'installer la station avec d'autres et on a fait la 'décoration intérieure'. Vers 17h, les suisse allemands ont enfin connecté la station de leur côté et on a eu une bonne communication. En soirée on a mangé le bon repas que nous a préparé le cuisinier de détachement et ensuite on a fait une noce dans la grange car on avait acheté de quoi boire et d'ailleurs l'après-midi, la fermière nous a apporté du café loutze avec au moins 6 dl de niaule qui arrachait sérieusement (50-60%) mais qui était très bonne. Vers 2h, alors que la fête battait son plein, on a reçu un appel sur la R-902, j'y ai répondu et j'étais tellement caisse que je n'ai pas reconnu qui parlait de l'autre côté, j'ai dû lui demander son non et il a dit 'c'est lieutenant Gisler'... gloups, il a fallu réveiller le chef de groupe, c'était facile car en fait il ne dormait pas tellement on faisait de bruit. Gisler a dit que les heures de mise en service ont été avancées de 24 heures. Il faut donc aller TOUT DE SUITE commencer à tirer la seconde ligne. On s'est préparés et on a laissé les deux plus bourrés se mettre au lit. On a commencé à tirer cette ligne depuis le PC, sous la pluie et dans le noir et comme c'était dans le village, on a dû accrocher le câble au poteaux à 5m du sol, sur une échelle branlante, complètement bourrés et fatigués, sous une pluie presque torrentielle, avec celui qui assurait l'échelle en train de dormir, comme le conducteur du Puch de construction  qu'il fallait réveiller pour déplacer le Puch de quelques mètres, sans parler du co-pilote qui dormait aussi... Heureusement que le cuisinier de détachement nous a fait du café... On a aussi vu pour mettre la station dans un groupement de fermes, mais il faisait tellement noir et il y avait tellement de brouillard qu'on a abandonné, car il fallait une place précise pour être sûr d'atteindre les autres. Le problème était que l'heure de mise en service de la station était à 7h. Vers 6h, on était tellement crevés qu'on est allés se mettre au lit et à 7h30, Gisler nous a réveillés en criant: 'Ou est la station ondi, mais où est la station ondi, où est la station ondi, mais...'. Le chef de groupe a maladroitement menti en disant qu'elle était installée mais s'est rattrapé en disant la vérité et Gisler s'est énervé et a dit 'Mais c'est très graffe pour moi, sut sut sut!' Il en a choisi deux 'au hasard' et ils ont dû l'installer en toute vitesse (dans une maisonnette avec des clapiers) et les autres, on a dormi jusqu'à 9h je crois (ou avant). Le reste de la journée, on a tiré la fin de la ligne et elle était finie qu'à 17h au lieu de 14h et il a encore fallu déplacer la station 902 de 40m pour avoir une réception un peu meilleure (quel bordel). Heureusement que les paysans nous ont offert du café (sans loutze, mais c'était sympa quand même). On a soupé sur place puis on est rentré à l'autre ferme en laissant deux pour la garde. On a aussi nocé ce
soir-là, mais pas trop car on était crevés.

Le mercredi matin on a fait une véritable grasse matinée: on a dormi jusqu'à 10h! (ou peut-être 9h). Mais Gsler nous a appelés en disant qu'il fallait construire assez vite une ligne F-2 très longue (4 km à vol d'oiseau) et qu'elle devait être finie à 15h. On est donc allés la construire sous la pluie battante et en stressant, mais c'était le gros bordel par où il fallait passer. On a bossé jusqu'à 18h30 en ayant vécu de drôles d'aventures et en ayant eu de nombreux problèmes, et on est arrivés à destination dans une maison où on a été accueillis par la famille avec tout plein d'enfants et un chien et des chats et ils nous ont offert du café loutze pour nous récompenser de nos efforts. On a attendu puis on a fait passer un message crypté puis on est retournés au PC. On a soupé et puis après il a fallu sortir pour démonter la ligne F-2 (c'est super l'armée...) et par chance on s'est bien organisé et c'était fini à 1h du matin. On a fait la noce jusqu'à 3h et on s'est réveillés à 10h le jeudi matin. On a pris toute la journée à tout démonter (les deux lignes) et on a fini à 20h et on a tout fait sous la pluie (comme d'habitude) qui est bien connue et commune dans la région de Lucerne. Le soir, on a mangé un très bon repas et j'avais la peau du
ventre bien tendue et après, on a rangé le PC, puis notre grange et puis on a commencé une noce d'enfer jusqu'à presque 3h. On s'est fait réveiller par Gisler à 5h du matin et il a attendu qu'on soit debout et habillés avant de partir. On a tout rangé et chargé les dernières choses et on s'est déplacés je ne sais pas où mais dans le coin pour faire lhabituel contrôle mat. et on est retournés à Kloten. J'étais co-pilote du duro, alors j'ai dû sérieusement lutter contre le sommeil pour maintenir éveillé le conducteur (qui était le chef de groupe) et on est arrivés à Kloten à 18h30. On a fait le service intérieur complet, on est allé manger et on a dû aligner tout les paquetages dans la cour d'appel et on nous a ouvert les chambres qu'à 21h!!! Après, on a dû décharger tous les véhicules, on a nettoyé la caserne et d'autres trucs puis on a défait les paquetages et tout mis en ordre dans la chambre et on a enfin pris une bonne douche et ensuite au dodo (vers minuit).


Treizième semaine:

Titre: Iron Pioneer
 

Cette semaine fut assez pénible. L'exercice a été nommé IRON PIONEER (z'ont toujours de ces noms, raaaahhhh!!!) mais en fait c'était en fait la  SEMAINE DE SURVIE (Raaaaahhhhh!) camouflée ou pour les âmes sensibles, la semaine d' ENDURANCE. Le récit promet donc d'être pimenté...

Bon, commençons.

Lundi, c'était cool: on s'est levé juste un peu avant l'heure habituelle (5h30 je crois). On a déjeuné puis on a eu l'explication de l'exercice. On s'est organisé en 4 secteurs avec chacun 4 groupes de 10 personnes environ et moi j'étais avec un autre
groupe que d'habitude. Le reste de la matinée, on a juste eu une épreuve sportive qui ressemblait étrangement au recrutement: lancer d'une espèce de boule avec une poignée ('corps de lancement grenade modèle 1940' dixit lieutenant Föllmi (ça fait rire quand on voit le corps de lancement)), course 12 minutes, saut en longueur, course 80 m puis  monter à la perche. je me suis arrangé pour faire des performances tout-à-fait honorables mais sans me fouler, alors j'étais jamais crevé. On a ensuite mangé et l'après midi on a fait un contrôle des paquetages (qui devaient être prêts le dimanche soir). on était dans une grande halle et on a tout sorti pour voir si on avait pas pris avec nous de la nourriture, des natels, discman, walkman, etc. Maisc'était facile de cacher des trucs: plaques de chocolat sous la casquette ou dans le sac de couchage, salamis dans la 2ème paire  de chaussure ou dans la trousse de toilette, joints dans le tube à gaz du fusil, etc. (Les cachettes ne manquent pas). Ensuite, on est partis en duro pour la région de Shaffhouse. Pendant le voyage, tout ceux du groupe de suisse-allemands qui nous accompagnait dormaient et nous on discutait et certains se fumaient des pétards. Arrivés au PC de notre secteur, on a attendu le camion, puis on a du se trimbaler les paquetages (25 kg au moins) à notre lieu de bivouac, et comme c'était très 'collineux' où on était, on s'est fait 1,5 km au moins de montée, c'était c'était très dur. On se trouve dans la région de Beggingen au nord de Shaffhouse à 2-3 km de la frontière allemande et à 900m d'altitude. On a trouvé une petite place (la seule) qui n'était pas en pente pour installer le bivouac, c'est ce qu'on a fait le soir et c'est seulement à 21h qu'on a reçu la bouffe (quel con ce fourien). On l'a donc préparée dans les gamelles et sur le feu puis on a mangé, on a discuté, fumé, etc puis on s'est couché à minuit environ et j'ai passé une bonne nuit.

Le lendemain, on s'est réveillé sassez en retard, alors c'était foutu pour faire la ligne téléphonique entre notre bivouac et le PC, qu'on devait déjà faire hier, alors on est vite descendu au PC et on nous a emmené à Shaffhouse pour aller tirer et le chauffeur de camion était complètement flingué, il roulait comme un malade, il faisait du 80 sur les petits chemins de forêt et on cognait partout dans le camion (on était 40 dedans). On est arrivé au stand, on a tiré (même style que d'habitude) puis
après on a eu le droit d'aller au bistrot du stand de tir. Là, il y avait une armoire frigorifique avec plein de chocolats divers style kit-kat et en moins de temps qu'il en fallait pour le dire, il n'y avait plus rien, tandis que le pauvre type qui travaillait ici
(il était seul) ramenait panier de croissants sur panier de croissants et faisait des cafés et chocolats chauds à n'en plus finir..
On a attendu trois quarts d'heure que les nôtres arrivent, on a bu et on est allé payer (il y avait la queue). En tout cas, au bistrot ils ont fait leur argent pour la semaine! Le gars, il a dû comprendre qu'on était en semaine de survie... Après, on est
allé au bivouac et on a mangé je crois puis l'après-midi on a eu aussi à Shaffhouse, dans un entrepôt d'une entreprise de transport, une instruction sur le rapport Brunner et des autres trucs comme ça et c'était plutôt chiant. Le soir on a soupé et
ensuite on a eu une alarme C et on était sensés se mettre en tenue pic complète (avec le masque), de 20h30 à 23h, mais on n'a mis que la partielle et on a mis le masque de protection que lorsque le lieutenant est venu regarder si on l'avait (on al le temps de le mettre car il devait descendre à pied depuis le chemin carrossable jusqu'à notre lieu de bivouac). Quand il est reparti, on l'a enlevé et on a enlevé toute la tenue à 23h et on s'est couché vers minuit (ou même avant).

Mercredi matin, pendant que les autres sont aller faire des tests d'instruction de base (Berk!), moi j'ai fait la garde du bivouac et j'ai nettoyé les gamelles (à l'eu froide c'est le top!... Bon j'ai chauffé de l'eau sur le feu et j'ai pris une patte, ça allait
mieux, et du PQ pour essuyer) Ensuite quand les autres sont revenus, on a préparé la bouffe, on a mangé et on a fait quelques rangements du bivouac puis on s'est mis autour du feu (on a installé autour des toiles de tente et comme toit, une mignonne pergola faite avec amour) pour discuter et mangailler pendant que trois du groupe (les plus méritants) sont partis faire du canoë sur le Rhin, c'était organisé par les troupes du génie et il parait qu'il ont profité pour gicler le premier lieutenant, le capitaine et d'autres gradés (ça devait être délectable). Nous de notre côté, on a démonté le bivouac car ces cons nous ont dis de changer de lieu (rotation entre tous les groupes). Quand c'était démonté, on a commencé à tout descendre à un croisement vers le PC et on ne savait pas exactement où c'était, mais on a fait du stop et la première voiture qui est passée (il n'y en a pas beaucoup par là) s'est arrêtée et le gars nous a pris nos paquetage jusqu'à un croisement plus loin mais on a passé quelques heures à chercher où on devait s'installer et certains on a attendu avec les paquetages en tas sur le chemin complètement mouillés à cause de la pluie et aussi très boueux. On a ensuite encore traîné les paquetages et on a enfin trouvé l'endroit où il y avait encore les suisse-allemands et heureusement le feu brûlait encore mais la nuit tombait et on n'avait pas le lampes de poche, donc on n'y voyait rien car le feu brûlait pas bien (tout le bois était mouillé) heureusement on avait un litre d'essence, mais c'était à peine efficace. Il était presque 22h et la pluie tombait très fort, alors on n'a pas fait de tente, on a juste fait une lignée de toiles de tente tendues entre deux arbres juste pour protéger la tête. On a mangé est on s'est couchés pas trop tard car la nuit allait être dure: il pleuvait horriblement et les sacs de couchage se remplissaient lentement d'eau (ils ne sont pas trop imperméables), surtout que j'étais à la frontière entre deux toiles de tentes et donc ça dégoulinait en plein sur mon sac de couchage. J'ai donc dormi dans la flotte et tout recroquevillé pour que ma tête ne soit pas exposée à la pluie, donc c'était horrible, mais j'ai quand même dormi 3-4h.

Jeudi matin, on s'est réveillés tout mouillés et frigorifiés en sortant du sac de couchage, on s'est séché autour du feu puis il y a eu à Shaffhouse le concours de tir pour la mention, mais moi j'ai encore fait la garde et j'ai profité pour tout ranger et nettoyer dans le bivouac en prévision du démontage de l'après-midi. Ensuite en début d'après midi, on a fait un test d'aide au camarade et à soi-même puis de lancer de grenades (corps de lancement) et là, on a fait n'importe quoi et c'était très marrant. On a par exemple essayé de viser le chauffeur qui s'occupait de ramasser les grenades, c'est vrai, quoi, les chauffeurs ils ont dormi à un endroit chauffé et à l'abri de la pluie (au PC), et en plus toute la journée (bon, je sais, ils ont besoin de 6h de sommeil par nuit, mais c'est pas une raison de dormir 15h par jour) et en plus ils ronchonnaient quand ils devaient aider... bon, la suite de l'après-midi on a démonté le bivouac et rangé, mais la plupart était déjà fait car ceux qui étaient à la garde ont bien travaillé. Après on nous a tout descendu en duro jusqu'au PC pendant que je démontais la ligne avec certains. Au PC on a soupé puis on s'est préparé pour la marche. Comme la semaine fonctionnait avec des bonus-anus... heu
pardon, des bonus-malus, on pouvait éliminer des kilomètres de la marche qui était au début d'une longueur de 50 km, mais des km-efforts (qui tiennent compte des montées et descentes). Nous on devait marcher 44,5 km. On nous a conduit en duro quelque part à l'ouest de Shaffhouse au bord du Rhin et on a commencé à marcher un peu après 20h30, avec très peu de lampes de poche. En plus on devait traîner un vélo et un brancard par groupe. Au plat et à la descente, ça va bien en vélo, mais pour les montées, avec ces vélos lourds, ça ne vas plus. On a marché 3 km et déjà le premier ravitaillement est venu. On a alors profité de bien manger et boire et faire des réserves (j'ai bien rempli mes poches). Ensuite on a marché le long d'une route très longue et droite et on a aussi emprunté des chemins assez petits et c'était très plat donc ça allait, on en profitait pour discuter. Au fait on était avec un autre groupe de notre secteur qui faisait le même nombre de km. Ensuite il y a eu un second ravitaillement et on s'est arrêtés un quart d'heure, pas plus, et on est repartis sur des chemins plats vers le Rhin. Tout à coup ça a commencé à monter assez violemment et on s'est retrouvés sur un chemin tout au bord du Rhein, très étroit, qui montait et descendait souvent et à droite il y avait une pente assez raide qui donnait droit sur le Rhin. En plus des montées descentes, il y avait plein de marches d'escalier et racines glissantes (à cause de la pluie). Comme on n'avait que peu de lampes, il était très facile de glisser dessus et de dégringoler en bas en plein dans le Rhein. Alors on allait assez lentement. En plus avec le vélo, c'était horrible, il fallait s'y mettre à au moins deux pour le porter dans les montées violentes. Ce chemin a duré au moins deux heures, c'était assez dur, puis on a eu le droit à un grand ravitaillement où on est restés une demi-heure (ça a fait du bien). On est repartis (il était au moins deux heures du matin) et on a pris un chemin qui montait
terriblement, il y avait presque toujours des escaliers raides et déjà sans vélo c'était voilent... bon notre paquetage faisait 15 kg au moins... On a donc fait au mois 400m de dénivellation puis c'est devenu à peu près normal, juste des montées et descentes normales, du pipeau-chochotte à côté de ce qu'on avait avant. On arrivait dans la région de Bülach quand on est arrivé à un poste où il fallait mettre un gars sur le brancard et le porter 2,5 km. On a essayer de gueuler mais ça ne servait à rien. On a alors accepté mais on a fait un seul brancard pour les deux groupes et on a pris le gars le plus léger (56 kg), mais même à 6 c'était très lourd. On faisait des tournus car on se ramassait tout sur les épaules. Bon on a enfin fini et en plus c'était un ravitaillement. On est ensuite repartis et c'était assez embêtant car on en avait marre de marcher (fatigue morale plutôt que physique). Tout paraissait long et en plus on s'est perdu. Tant mieux finalement, car on a évité le poste où il fallait se mettre en tenue PIC complète. On faisait de plus en plus d'arrêts car certains étaient mal et on avait l'air d'être près de kloten sans jamais l'atteindre. On a encore marché et marché et on est enfin arrivés à la caserne et on s'est rendus compte
qu'on était parmi les premiers. On a dû faire le service de parc et service intérieur de tout notre paquetage, souliers et fusils, comme d'habitude, mais c'était plus dur en n'ayant pas dormi. J'étais d'ailleurs dans un état moral bizarre et assez difficile à expliquer. D'ailleurs physiquement ça allait, je n'ai pas eu mal aux épaules contrairement aux autres marches. Bon, on a fait contrôler tout ça au sergent-major puis on a tout rangé dans la chambre. J'ai ensuite pris une douche bien méritée et puis j'ai dormi de 10 à 11h. Ensuite, alors que les autres arrivaient seulement, j'ai vidé mon paquetage puis on est allé manger et l'après midi, on a dû décharger les véhicules utilisés cette semaine et puis recharger le matériel technique pour la semaine suivante. Comme il y avait des moments (5-15 minutes) où on ne faisait rien, on en a profité pour dormir. Le soir on a continué à faire des préparatifs pour la semaine prochaine et vous pouvez me croire, on était content de retrouver notre lit...


Quatorzième semaine:

Titre: Plus qu'une semaine
 

Le lundi, on a eu la grande inspection avec le divisionnaire (Le divisionnaire Stutz de la division de campagne 7) et tout des 'chiens' (ça va du capitaine au colonel). Ça faisait un peu le 'gratin des gros gradés'. On s'est préparé en début de matinée puis on a commencé les tests, mais peu avant de les commencer le divisionnaire accomagné d'un colonel est passé devant Gisler et l'a engueulé car il n'a pas fait correctement son salut. Le divisionnaire, c'est un petit bonhomme trapu avec une drôle de tête, il ne doit pas sourire souvent et avec son béret vert, ses deux edelweiss à gauche et sa branche avec des feuilles à droite (= officier général), il a l'air d'un écologiste. On a eu ensuite le test de service de garde avec un major plutôt sympa et il était content de nous. Ensuite le test d'aide au camarade et à soi-même avec un lieutenant-colonel qui faisait très Ours. Lui, il était moyennement content de nous. Après on a mangé (c'était de la chasse, miam) puis on a fait de la théorie avec le premier lieutenant comme la semaine passée puis on a fait un concours de tir à Bülach dans un stand de merde, avec cette fois un capitaine. J'ai réussi le test (c'était facile) et en fin d'après-midi, on a fait un test de sport (maximum de pompes en une minute, max. d'abdos en une minute et test de souplesse). Le soir on a préparé l'exercice technique qui ira de mardi à vendredi et que le divisionnaire inspectera.

Le mardi, en première partie de matinée, on a préparé encore la disloc' puis on a eu une réunion puis on est parti sur notre lieu d'exercice. Nous on était dans une ferme tout près de Flawil, vers Gossau dans la région de St-Gall. La ferme était bien et il y avait deux familles là. Il y avait une distillerie et il nous a fait goûter de la vieille poire vachement bonne et le type il fabrique des tonnes de liqueurs et schnaps et en grande quantité et aussi du cidre au cannabis (bon, c'en est pas du qui pète), mais bon c'est quand même chouette. On s'est installés et à 13-14h, on a commencé à tirer la première ligne en direction du PC qui est au centre de Flawil pendant que d'autres installaient la station (c'est de la merde car il y avait tellement d'arbres que c'était presque impossible d'atteindre les autres). Au début c'était facile car tout était par terre, même si on a du faire le tour des bâtiments de la ferme, mais dans le village on a dû bien sûr faire des passages en hauteur sur les réverbères. On en a fait une vingtaine et il faut compter un bon quart d'heure par passage. On est arrivés au PC vers les 19h puis on est retournés à la ferme pour tester la communication et je suis resté à la station pour optimiser la communication pendant que d'autres commençaient déjà la seconde ligne pour gagner du temps. Ensuite ils sont revenus et on a dormi une bonne heure dans le foin au troisième étage de la grange. Ensuite Gisler nous a appelé pour nous dire que le premier lieutenant a dire de tout de suite finir la deuxième ligne avant d'aller dormir et ça nous a fâchés. Bon, on a quand même fait ça et on a fait aussi plein de passages en hauteur, mais la nuit, c'est bien plus difficile. On a fini cette foutue ligne à passé 4h. Je suis allé me pieuter assez rapidement pendant que certains se buvaient une bouteille de tequila en haut, que d'autres s'étaient endormis dans le Puch de construction en plein milieu d'un chemin, mais le moteur éteint (mais la soirée il y en a un qui voulait de réchauffer dans le duro et qui a donc mis le moteur en marche et il s'est endormi, le moteur a donc tourné une heure...). Pendant ce temps, d'autres sont allés monter la deuxième station, mais c'est deux autres qui sont allés dormir. Nous, on a dormi sur une espère de remorque et le paysan nous a dit qu'on pouvait faire péter trois bottes de paille et ça faisait donc un très bon matelas.

Le mercredi, comme on avait tout monté, on n'a presque rien fait. Déjà, on a dormi jusqu'à midi (bon ça faisait juste 7-8h de sommeil) et on a déjeuné tranquillement puis on a passé la journée à améliorer la station, à s'installer mieux et à rester vers la station pour répondre au téléphone et à discuter entre nous ou avec le paysan, manger des pommes ou boire le jus de pomme qu'il nous a gracieusement offert (il était délicieux) ou visiter la ferme, ou s'amuser avec le chien du paysan (il est con ce clebs), dormir dehors ou dans la grange, bref on a su quoi faire même si c'était chiant des fois. On a aussi appris qu'à moins de 2 km de la ferme s'est écrasé un avion de l'armée lors d'un exercice en impliquant deux, peut-être l'avez vous entendu ou lu mercredi ou jeudi. d'ailleurs le paysan était dehors et il a vu l'avion s'écraser. Nous par contre on a rien vu ni entendu car on dormait. Le soir, on s'est fait une bonne petite noce au blanc et à la Suze et on a bien mangé.

Le jeudi matin, je suis allé pour 7h20 à l'autre station pour faire la garde avec un autre et pour attendre le divisionnaire ou un de ses chiens qui risquerait de passer pour inspecter, mais rien ne s'est passé. On a ensuite mangé puis reçu l'ordre de tout démonter, c'est ce qu'on a fait. A 15h tout était fait et on a chargé tout dans le duro puis je suis rentré à l'autre ferme pour commencer à démonter l'autre station, puis j'ai dû aider les autres à démonter la ligne. C'était le bordel car on devait décrocher deux câbles de F-4 et laisser un de F-2 qui était tout en dessous et ça a donc pris du temps et pour la traversée de la route, juste devant le PC on a dû arrêter la circulation pendant quelques minutes et à 18h, avec le trafic on a créé une immense colonne. On a plus tard démonté l'autre ligne et on a fini un peu avant 22h, on a fait de l'ordre dans la grange puis on a commencé une noce pour fêter la dernière soirée en disloc' et on a bu de la bière (j'en ai pris 1,5l), de la Vodka rouge (ça fait un peu sirop de grenadine) et du cidre au chanvre (délicieux) avec aussi du jus de pomme et on a aussi bien mangé. On n'a pas fait trop long car il faut se réveiller tôt.

Donc le vendredi matin on s'est réveillés à 5h et on a tout rangé ce qui traînait un peu partout ,on a chargé le duro et on est parti un peu avant 6h. On s'est arrêtés à un village 15 km plus loin dans un arsenal de véhicules et on a fait un contrôle matériel et des chargements-déchargements (c'est bon pour les muscles) et on a trié toutes les choses du même type. On a aussi profité pour aller voir des immenses tanks et regarder dedans. On est partis à 14h et on est arrivés à Kloten à 15h. Là, on a dû faire le PD-ID comme d'habitude (terminé en moins de 10 min) et on a posé et vidé notre paquetage et rangé tout ça, mais comme on avait 2h on a profité pour se reposer et pour manger et boire. En fin d'après-midi, notre section a dû décharger les 218 bobines de F-4 de la compagnie de camions (je vous rappelle que chaque bobine fait 80 kg) et celles sales ou mal enroulées (une cinquantaine), on a dû les renrouler en les nettoyant, ça prend facilement 20 minutes par bobine (elles font 400m de long). Bon, comme on devait arrêter à 22h30, on n'a pas tout fini, mais on le fera lundi. On a aussi fait des batailles d'eau et d'éponges pour commencer à fêter la fin et ensuite la douche passait bien car on était dégueulasses. Le lit a bien sur aussi passé nickel!...


Quinzième semaine:

Titre: C'EST FINI!!!!!!
 

On dit que la dernière semaine de l'école de recrue est toujours la plus animée dans tous les sens du terme. C'est pas faux, même si c'est moins terrible que ce que m'ont raconté certains qui ont fait leur école ailleurs et avant moi. Mais quand même le récit risque d'être intéressant. Je vous laisse vous en convaincre:

Le lundi matin, à moitié assommé par le vin bu dans le train le dimanche soir (bonne habitude: chacun apporte une bouteille de blanc ou de rosé), j'ai dû me lever plus tôt car j'étais de service avec 5 autres. On a servi le petit déjeuner (pas trop de monde le lundi matin) et après on a fait la vaisselle et comme peu travaillaient, ça a duré une bonne partie de la matinée. Ensuite on a continué par un peu balayer les corridors, mais quand je me suis aperçu que j'étais le seul, j'ai abandonné et pris une pause jusqu'au moment de servir le repas de midi. Ensuite, re-belotte: la vaisselle jusqu'à au moins quinze heures (j'étais de nouveau presque seul) puis repos jusqu'au souper, service et de nouveau vaisselle, puis à 20h on a du rendre le matériel du sergent-major (toile et piquets de tente, sac de couchage, PPI, combopen, poudre, gamache, tenue spac, filtre du MP, veste thermique, pèlerine et d'autres choses. Ensuite j'ai aidé à finir de nettoyer la vaisselle et le reste puis chaussures comme d'habitude (enfin en théorie), douche et après en chambre, en attendant l'extinction des feux, on s'est bu une bouteille de Martini plus 4 bouteilles de blanc. Miam. Avant de s'endormir, on a encore discuté longtemps...

Le lendemain matin, j'ai dû aller tirer avec quelques autres car je n'ai pas fait le tir pour la mention (rappelez-vous, j'étais de garde le jeudi de la semaine 'Iron Pioneer') On est allé au stand de tir habituel, mais cette fois pas à pied, mais en camion. Cette fois, c'était juste pour l'entraînement. J'ai fait 67 points et il en faut 72 pour la mention (un Sugus sur la veste de sortie). Ensuite toute la compagnie, on a dû aller dans la salle de gym pour faire contrôler son fusil par des gars de l'arsenal. Chacun avait une petite table avec le dessin des pièces du fusil. On a dû le démonter (c'était la première fois que je faisais le grand démontage) et placer les pièces comment l'indiquait un dessin posé sur la table. En fait le contrôle était tout simple: le gars qui contrôlait le tube à gaz et le canon (un adjudant je crois) on dirait qu'il regardait à côté! Il disait à peine un 'gut' ou quelque chose d'approchant. bon, ça m'as permis de le nettoyer à fond (il était un 'peu' mangé par la rouille) et de le graisser à fond. Ensuite avec la section, on a fait un test de fonctionnement puis on est allé manger. L'après-midi, on a glandé dans la cantine en attendant de nous faire engager par le sergent-major, mais j'ai juste travaillé une demi-heure à peine...
Le soir, on a eu le souper de section. Gisler nous a trouvé un bon bistrot à Embrach (direction Bülach) où on a mangé une délicieuse fondue au fromage avec du très bon blanc sans oublier le coup du milieu. Ensuite j'ai fait un billard (aussi dans le bistrot) avec un autre en buvant un verre puis je suis descendu au pub (aussi dans le bistrot) pour boire un autre verre en regardant certains de la section jouer aux fléchettes (et aussi regarder les bonnes). J'ai de  nouveau rejoint les autres et on est rentré. A la caserne, tout le monde ou presque était bourré (moi pas trop), alors c'était assez joli à voir. Certains ont sorti un lit de la chambre d'en face avec son propriétaire endormi dedans et il a encore fallu réveiller le gars tellement il dormait profondément. Ça doit faire bizarre de se réveiller au milieu d'un couloir entouré de plus de 20 types qui se marrent... Il a même eu le droit à une séance photo... Le fourrier, quand il est rentré a aussi trouvé ça rigolo, ainsi que Colombo qui nous a quand même prié de le remettre après à sa place... Bon, après on a vu le lieutenant Piazza qui s'est installé dans le couloir sur une chaise pour faire la garde toute la nuit en lisant son journal (le mec il est assez spécial, il a déjà passé toute la journée sur les escaliers de la cantine à lire son journal et des fois il reste planté là, sans rien faire, et longtemps. Une fois il a même demandé de la marijuana à un type... Il est pas net le mec!...) Alors, avec cette garde, on n'a pas trop insisté.

Le mercredi matin, comme hier je suis allé tirer, mais cette fois pour la mention mais je n'ai fait que 59 points (... et puis tampis...) En rentrant j'ai un peu nettoyé mon fusil et jusqu'au repas, j'ai aidé un gars à charger des sacs de couchage. L'après-midi on a pas mal glandé, mais cette fois dans les chambres, car la cantine était en cours de décoration. On en a profité pour vider nos casiers des chambres et mettre les affaires dans nos sacs car il fallait le faire pour jeudi. Le soir, il y a donc eu le souper de compagnie, et comme pas mal de monde le sait, c'est un souper assez mouvementé. On a pris place dans la cantine décorée façon carnaval, les tables étaient disposées autrement et  il y avait des nappes vertes dessus. En plus on n'était pas qu'entre hommes : sur tous les murs de la salle étaient accrochées des photos de 'jolies dames', c'était plus sympa comme ça. On a donc commencé à manger (ça de changeait pas des habitudes, sauf que le fourrier a dû dépenser un peu plus pour le repas) et à boire (là ça changeait, sauf que c'était payant: le demi de blanc 10.- et le demi de bière 4.-) et à chanter, il y avait une bonne animation (même les lieutenants avaient l'air de s'amuser, surtout Piazza avec son appareil photo dernier cri) mais avec les prix des boissons, on n'a pas bu des masses, surtout que le stock n'était pas très grand. On a une fois gueulé 'Stefano, un discours, Stefano...' (Stefano=Colombo=1er Lt) Et ils nous a fait un discours mais il est allé chercher Beauverd, l'ordonnance de bureau par la peau du cou pour qu'il fasse un discours, mais lui a prié de ne pas faire de politique (il est du parti socialiste de Morges, vous pouvez le voir à l'adresse suivante: http://www.morges.ch/politique/elections98/morges/socialiste/soc002.htm#Beauverd ) et il a inventé un nouveau grade : 'fouteur de merde' exprès pour lui.

Bon, ensuite on a emmerdé les lieutenants et les capos, on a chanté et rebu et alors qu'on ne s'y attendait pas, on a eu le droit à une attaque éclair de farine et d'eau. Tout était blanc (sans exagérer) et Colombo, donc tout blanc, se marrait comme un fou, mais ce n'était pas du goût de tout les lieutenants (pas tout le monde ne peut être ouvert d'esprit). Bon, on a rigolé et on s'est secoué puis tout le monde a commencé a sortir et on s'est rendu compte qu'un sale coup envers les Suisse Allemands de préparait... A un moment donné tout le monde ou presque s'est précipité vers la caserne 3 et on a fait notre attaque en courant et en entrant dans les chambres pour les 'piller'. En moins de trois minutes, cette marée humaine a renversé les lits, matelas duvets et oreillers d'une dizaine de chambres et on a aussi lancé dans le corridor et les toilettes plein de paires de chaussures de combat et de sport (bonne chance pour retrouver SA paire de chaussure de combat comme toutes se ressemblent). Le plus marrant c'était la tête de ceux qui étaient déjà au lit (les autres étaient en sortie) quand ils se sont réveillés dans leur chambre sens dessus dessous... Notre 'mission' accomplie, on s'est gentiment remis à boire dans la cantine. Mais quand on a vu un type en béret rouge discuter avec Colombo, on s'est dit que les choses allaient se gâter. Ça n'a pas raté... Il était à peine dix heures et demie... Il nous a fait taire et nous a dit qu'il était très déçu de notre attitude et qu'on devait aller avec nos chefs de section pour tout ranger. On est allé le faire, mais juste avant de monter dans la caserne 3, on a dû rebrousser chemin et on a fait un appel (c'était le premier appel en étant complètement bourré) et le premier-lieutenant
nous a dit de se dénoncer, mais personne ne s'annonçait. On est resté en formation d'appel pendant deux heures. au début, ça allait, comme l'alcool tient chaud, mais au bout d'une heure, on avait vraiment de la peine... Brrrrr!... En plus il y avait le Capitaine Fischer qui nous narguait ainsi que d'autres (adjudant, major, etc. ) Bon, on a commencé à se dénoncer, mais il y en a eu que 22, donc à peine le tiers. On a encore attendu un bon moment au froid puis les 22 on est allé dans une salle pour remplir un rapport 6.5 décrivant ce qu'on a fait, pendant que les autres rangeaient la cantine et faisaient d'autres travaux. On a dû passer avec nos rapports vers Colombo pour discuter et se justifier, puis on est allés se coucher, c'était pas trop tôt car il était 2h passé...

Le lendemain, le réveil fut assez dur, mais on a dû (notre section) aller nettoyer toutes les chambres de notre caserne (rien a voir avec le truc de hier) en prévision du passage de types de l'arsenal pour le contrôle et tout devait donc être nickel. On a aussi fini notre paquetage et on l'a apporté dans une halle. On a aussi rendu notre tenue pour mettre notre tenue personnelle, donc avec le béret. Pendant cette journée, les discussions au sujet de l'attaque de hier étaient très intenses, les plus pessimistes disaient qu'on allait sûrement être retenus une semaine ou deux pour passer devant des juges, et tout le tointoin. A l'armée, c'est fou tous les bruit qui circulent; c'est le seul endroit où on croit presque toujours les rumeurs les plus folles. Justement, le soir, Colombo nous a dit, lors de sa discussion des service, que la police militaire n'avait pas été appelée, donc qu'on allait partir vendredi après-midi comme prévu, mais un natel a été cassé dans 'l'opération' et donc que son prix allait être payé par toute la compagnie.  Au moins on était rassurés et on a pu dormir sur nos deux oreilles. D'ailleurs il fallait dormir et ne pas faire les fous car c'était très strict ce soir-là, tout le monde nous surveillait, pire que dans une prison... heureusement que c'est bientôt fini!...

Le lendemain, dernier lever à 6h et déjeuner sur les stands de service intérieur (ou normalement on nettoie chaussures et fusil) et une fois n'est pas coutume, on a eu des croissants et des miches (c'est parce que la cuisine était déjà 'rendue'). Après, on est allé dans un entrepôt (celui où il y avait nos paquetages) pendant que certains devaient 'rendre' les chambres. Comme notre chambre et celle d'en face était une salle de théorie, ils ont dû enlever les lits, les casiers, les tables et les chaises et remettre les choses comme pour une salle de théorie. Nous, on a attendu toute la matinée en se reposant (contre les paquetages c'est relativement confortable) ou en lisant le journal, certains jouaient au cartes ou au foot, etc. A midi, on a eu un appel car Colombo partait plut tôt car il devait aller se marier!... Ensuite on a mangé et c'était une pizza, c'était sympa même si elle était petite, on l'a eue avec un Twix et un litre de thé froid. ensuite, on a continué à attendre (oui... on a encore eu un appel) que le sergent-major avec les gars de l'arsenal et que le fourrier fasse les soldes. on a aussi dû aligner nos paquetages dehors pour que le colonel (le commandant d'école) les vérifie, mais il en a vérifié deux à tout péter. On devenait de plus en plus impatients car il était déjà 15h, on en profitait pour se dire les dernières choses, s'échanger encore quelques adresses et faire les dernières photos de groupe ou photos débiles.
Enfin, vers 17h, le fourrier est venu, on a eu la solde, le colonel nous a fait un discours puis on a été licencié à 17h45 je crois et comme la tradition le veut, on a tous lancé nos bérets en l'air. On peut donc dire que l'école de recrues s'est achevée... Je suis allé à la gare en bus (c'est pas pratique de se mettre dans un bus bondé avec un paquetage de 45 kg (je l'ai pesé!)) et dans le train, on a commencé à faire la noce... voilà, c'est FINI!!!
 


Conclusion
 

Je suis bien content d'avoir terminé cette armée. Ça n'aurait pas été à mon goût de continuer. Si l'armée suisse était un peu mieux organisée, peut-être ne devrait-on pas engager de force des sous-officiers ou officiers. Avec quelques efforts de la part des dirigeants de cette armée, elle pourrait être plus intéressante. Malgré tous les changements entrepris dans le cadre d'Armée 95, il reste un long parcours a faire pour que ce soit une armée presque parfaite, même si, dans le domaine du matériel des technologies et de certains points logistiques, elle est une des meilleures du monde. C'est donc surtout dans le domaine de l'enseignement, ce qui est important, que le plus grand travail est à faire.

Heureusement que pour parer à la monotonie de cette école de recrues, il y a les copains. C'est grâce à eux que l'on conservera quand même de bons souvenirs, surtout, peut-être, lors de soirées arrosées... Mais c'est un peu la rigueur militaire qui force cette cohésion et donc qui permet à une certaine camaraderie de s'installer. Hélas, la plupart du temps, et à cause des origines très diverses, cette camaraderie ne subsiste pas après l'armée, à part quelques rares cas. C'est pourquoi on en revient aux autres amis qu'on s'était fait auparavant, peut-être les vrais?

En tout cas, personnellement, le fait d'avoir accompli cette armée en entier provoque au fond de moi une certaine satisfaction. Même si la discipline ne survit pas à la fin de cette école, j'aurai sûrement appris à vivre d'une manière moins noble (semaine de survie) que celle que l'on vit quand on est blotti à la maison et au chaud...
 


Vous êtes arrivé au bout de ces résumés? Bravo!

Excusez-moi encore pour les fautes restantes. Si jamais vous voulez vraiment, mailez-moi ce texte corrigé... non, je plaisante.
 

Aller à la semaine numéro :  1  2  3  4  5  6  7  8  9  10  11  12  13  14  15  Conclusion


Home  |  Présentation  |  Photos  |  Photos de l'armée  | Images 3D  |  Musique  |  Divers  |  Liens


Dernière modification : 25 février 1999
© 1999 Emmanuel Keller
Résumés de mon école de recrues